07/03/2011

juger les grands fauves

7662453355_jacques-chirac-lors-de-son-passage-a-la-porte-de-versailles-en-2010.jpg
Le procès Chirac s'ouvre et les partis politiques classiques s'emploient curieusement à montrer au menu peuple qu'on ne doit pas juger les grands fauves politiques comme l'électeur de base.


Passons sur la question prioritaire de constitutionnalité déposée par des avocats qui ne sont pas ceux de Jacques Chirac. On veut bien croire que, désormais, Jacques Chirac et son entourage veuillent que le procès commence afin qu'on en termine une fois pour toutes.

Non, voyons d'abord la position du procureur. D'entrée de jeu, il réclame le non-lieu alors que les juges d'instruction qui se sont penchés sur cette affaire estiment que les charges sont suffisantes pour qu'un tribunal en débatte. Le procureur n'a donc pas besoin d'écouter les débats. Pas besoin non plus de jeter un oeil sur les jugements qui ont condamné des anciens responsables du RPR tels que la trésorière officieuse Louise-Yvonne Casetta et le responsable officiel Alain Juppé. Or, pourtant, ces jugements semblaient bien indiquer l'existence d'un système dont le bénéficiaire essentiel était le leader Jacques Chirac. Et ces jugements concernaient bien exactement les mêmes faits.

Voyons ensuite la position de la mairie (à majorité socialiste) de Paris. Avant le procès, après négociations, une indemnisation a été payée par l'UMP qui succède au RPR. Aussitôt, la mairie de Paris disparaît en tant que partie civile. Le parti socialiste, la bouche en coeur, explique que cela ne change rien, que le procès peut continuer, qu'une partie civile qui se retire ne signifie rien pour la suite d'un procès. Alors que, bien sûr, la disparition de la partie civile affaiblit les charges pesant sur les prévenus.

Rappelons ensuite que le non-jugement de Jacques Chirac, pendant tout le temps où il occupait la position de président de la République, provient d'une interprétation particulièrement bienveillante de la loi où l'immunité du président s'étend même aux actes qui n'ont rien à voir avec ses fonctions de président. Une interprétation très favorable à Jacques Chirac qui n'était pas si évidente au départ puisque même la ministre de la justice de l'époque (Elisabeth Guigou) pensait cette immunité totale impossible.

Au final, on se demande comment la population peut croire encore, avec de tels comportements à gauche et à droite, que les grands fauves politiques sont jugés comme les citoyens de base.

Didier Specq

Les commentaires sont fermés.