26/04/2012
Le vote blanc me casse les pieds
Depuis des lustres, cette polémique revient. "Comme du chou" dirait Jean Gabin.
Bruno Gaccio, l'humoriste habitué des plateaux télé, figure parmi les derniers partisans de la comptabilisation des votes blancs. Mais c'est une polémique aussi vieille que la République.
On sait que, depuis bien longtemps, les votes blancs sont comptabilisés dans la même pile que les votes nuls. Les historiens font remonter généralement cette règle à l'instauration définitive du suffrage universel (réservé aux hommes) en 1848. Toutefois, si l'on estime que la première votation du premier suffrage universel (réservé aux hommes) se déroule dans la France de 1791, on va retrouver déjà à ce moment-là des déclarations qui, au moins indirectement, parlent du vote blanc et de son éventuel "comptage" à part.
Les révolutionnaires de 1789 et des années suivantes estimaient tout simplement que les votes étaient destinés à désigner des députés capables de traduire les aspirations collectives. Donc le vote blanc n'avait pas à être pris en compte: les votes blancs allaient rejoindre les votes nuls, les enveloppes où l'électeur avait glissé par erreur deux bulletins, les votes comportant sur le papier des signes divers et variés, les bulletins avec tâches, etc.
Les révolutionnaires de la "Grande Révolution", pour reprendre l'expression de Michelet, estimaient que "la loi veut faire des députés". Avec un goût de la concision que l'on dirait aujourd'hui brut de décoffrage, ces révolutionnaires indiquaient une évidence: les bulletins blancs ou nuls ne sont pas une expression politique.
Aujourd'hui, lorsqu'on écoute les partisans du décomptage à part des bulletins blancs, l'envie nous prend de leur répondre: "la politique, c'est une aspiration collective et, effectivement, aucun candidat ne peut représenter à 100% nos opinions ou nos désirs. Si tant est que nous puissions connaître à 100% nos opinions et nos désirs sur tout. Nous ne sommes pas des consommateurs dans un supermarché. Et donc nous choisissons un représentant. Le bulletin blanc n'est pas une opinion politique".
Ce qui ne retire rien au poids global (comptabilisé, lui) des blancs et des nuls. D'ailleurs, les bulletins nuls peuvent aussi être l'expression d'une opinion ou d'un rejet. Il suffit d'être scrutateur dans un bureau de vote pour apercevoir parfois des bulletins nuls qui expriment bien une opinion. Ce poids global des votes blancs et nuls, au premier tour de l'expression présidentielle de 2007, représentait 534.846 votes, soit 1,44% du total des suffrages. Soit une "part de marché" se situant juste devant les partisans de José Bové et juste derrière ceux de Dominique Voynet...
Mais, qu'on le veuille ou non, ces votes ne sont pas des suffrages exprimés pour désigner un représentant élu. Les blancs n'ont donc pas à être comptabilisés sur une pile à part des votes nuls qui, eux-aussi, peuvent être suscités par un rejet ou une exaspération.
Didier Specq
08:41 Publié dans Justice, Politique | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Bonjour
Pour diffusion très large (sur les marchés, les lieux publics,….) après visionnage et mise en application. Merci
http://aviseurinternational.wordpress.com/2012/04/30/au-b-a-n-du-nom-pour-un-non/
Valable pour les présidentielles et les Législatives !
et : http://aviseurinternational.wordpress.com/2012/04/30/la-une-de-keg-des-unes-du-30042012-a-j-7-av-il-est-venu-le-temps-des-cathedrales-mensongeres/
Cordialement
Aviseur
Écrit par : aviseur | 30/04/2012
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