12/06/2013

Exclu du module citoyen

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Un module citoyen? Kessenkor? Petite excursion dans les méandres de la justice moderne.

Autant le dire tout de suite, le casier judiciaire de Farid B., un Villeneuvois âgé de 36 ans, est particulièrement chargé puisque 24 condamnations s’affichent au compteur. L’homme est sorti récemment de prison où il a purgé tout son stock de sanctions privatives de liberté. Reste un os, un petit os ou un gros os, c'est selon…

Il avait été condamné à un travail d’intérêt général de 35 heures et il n’en avait suivi que 22 heures. "Je venais à l'époque de Mons-en-Baroeul à Villeneuve d'Ascq, j'avais des difficultés de transport" explique le prévenu mercredi devant le président Lemaire. Farid B. est poursuivi pour ne pas avoir suivi correctement son travail d'intérêt général.

Ceci dit, d'abord, le juge d'application des peines l’avait obligé à suivre un « stage citoyen », une des nombreuses inventions judiciaires permettant une alternative à la prison. Le thème de ce module citoyen : des éducateurs invitent les candidats à la réinsertion à discuter des « violences faites aux femmes ».

Excellent sujet? « Je voulais pas trop m’exprimer parce que je savais que je risquais de dire des bêtises ; mais on m’a obligé à dire mon opinion » commence Farid B. Et ça n’a pas plu !

«C’est quand même scandaleux, des éducateurs invitent les gens à donner leur opinion et après, ils reprochent à mon client, je cite, d’avoir tenu des propos à caractère misogyne ! » s’exclame Me Antoine Berthe. Et d’ironiser : « D’abord, ce n’est pas interdit d’avoir des opinions misogynes ! Des hommes et même des femmes ont le droit d’estimer par exemple que c’est le rôle des femmes de s’occuper exclusivement des enfants et de la maison par exemple ! »

Comme le procureur Frédéric Fourtroy a requis trois mois de prison ferme, Me Berthe proteste: « Il n’y aucun caractère intentionnel chez mon client de commettre un délit en ne respectant pas ce module citoyen ordonné par le juge d’application des peines ! Ce sont des éducateurs étonnants tout de même: ils ne cherchent pas à convaincre mon client, ils l'excluent!"

Farid B. fait amende honorable: « J’ai mûri, je sais que ce sont des opinions erronées, je n’ai plus le même sentiment vis-à-vis des femmes». 2 mois de prison sans mandat de dépôt tombent. "Un travail d'intérêt général, c'est un contrat à la place de la prison, on le suit, ça ne se discute pas" conclut fermement le président Lemaire.

Commentaires

Je sais bien que tu dois résumer la plaidoirie Didier, mais le raisonnement sur la misogynie était un peu plus complexe. Tu va me faire passer pour quoi ;-) ?

Écrit par : Antoine BERTHE | 13/06/2013

Cher Antoine,

C'est vrai qu'un article résume. Là, c'est un problème finalement assez complexe qui est traité en 1500 signes. Mais je pense que tout le monde a compris que l'avocat n'a rien à voir avec une quelconque misogynie mais qu'il s'offusque que, dans le cadre d'un débat citoyen, on puisse reprocher à son client des opinions. Lesquelles d'ailleurs ne sont condamnables d'ailleurs que s'il s'agit d'un appel à la discrimination. Ok?

D.S.

Écrit par : didier specq | 14/06/2013

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