19/06/2014
La statistique la plus bête...
Autant le dire tout de suite, on s'agace à voir cette statistique traîner partout...
C'est le Ministère de la Justice qui publie fièrement cette statistique et, comme on la voit traîner partout, on finit par s'en émouvoir. Il s'agit de démontrer que, lorsqu'une personne est condamnée, il vaut mieux, pour la réinsérer, la suivre, lui proposer un fin de peine adaptée, lui donner éventuellement une peine alternative à la prison, l'éduquer, etc. Inutile de dire que, en disant cela, on défonce des portes ouvertes puisque, bien sûr, ce ne sont pas les contemporains de Christiane Taubira qui ont inventé cela: depuis des dizaines d'années, des milliers de juges et de travailleurs sociaux s'efforcent, avec les faibles subsides qu'ils reçoivent face à l'ampleur de la tâche, de punir et de réinsérer les délinquants.
La statistique brandie par le ministère est simple, pour ne pas dire simpliste: 63% des délinquants punis par une peine de prison ferme font l'objet d'une condamnation à une nouvelle peine de prison ferme dans les cinq ans qui suivent alors que seulement 32% des personnes condamnées à une peine de sursis avec mise à l'épreuve récidivent. Et voilà, admirez... l'arnaque.
Pour être condamné à une peine de prison ferme, il faut déjà avoir été condamné ou alors avoir commis un acte très grave. On explique donc benoîtement que les délinquants les plus anti-sociaux présentent beaucoup plus de risques de commettre un nouvel acte anti-social. Bonjour l'évidence!
Parallèlement, on explique aux amateurs de vérités bidonnées que les délinquants relativement insérés (vie stable, adresse, présence à l'audience, etc) ayant commis les actes les moins graves -puisqu'ils ont bénéficié d'un sursis avec mise à l'épreuve- sont ceux qui récidivent moins! Là encore, bonjour l'évidence!
C'est un peu comme si on expliquait que les malades les plus graves qui ont subi une longue hospitalisation risquaient plus de mourir que les malades les moins graves non hospitalisés!
Qu'une politique de prévention et de réinsertion soit nécessaire, bien sûr! Qu'on use de statistiques douteuses pour convaincre à tout prix, non!
Didier Specq
19:04 Publié dans Justice, Prisons | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Les stats, c'est comme la langue d'Esope.
Écrit par : prozac pétrifié | 28/06/2014
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