02/06/2014
rendez nous Valéry Giscard d'Estaing
Durant la campagne présidentielle de 1974, Valéry Giscard d'Estaing estimait que "la prison doit être seulement la privation de liberté".
On n'y est toujours pas. La prison, c'est toujours la promiscuité, l'entassement à plusieurs dans des cellules où l'on est obligé de poser des matelas par terre, des surveillants en nombre insignifiant, le règne des caïds. A droite, on veut bien construire des prisons plus modernes mais les critiques venant de la gauche fusent. A gauche, à chaque fois, on explique que des peines alternatives pourraient vider au moins en partie les prisons et donc on ne construit pas, ou peu, de nouvelles maisons d'arrêt.
Bref, au final, quand enfin de nouvelles prisons sortent de terre, on est obligé de fermer les plus anciennes tant, au fil des années, elles sont devenues repoussantes. C'est bien ce qui s'est passé avec la fermeture des prisons de Loos, dans la banlieue lilloise. Et donc, bien après la campagne présidentielle de 1974, la volonté politique exprimée par Valéry Giscard d'Estaing n'est toujours pas devenu réalité.
Bien sûr, un enfermement individuel ne résoudrait pas tous les problèmes. Mais, au moins, cela protégerait les jeunes détenus des intimidations et des agressions que leur font subir les plus anciens. Car, dans la prison, faute de moyens, faute de places, faute de cellules individuelles, la société reproduit en pire la loi de la jungle chère à la délinquance.
Par un retournement de sens dont les commentateurs ont parfois le secret, c'est la prison qui devient fautive. Pourtant, dans une société où la valeur essentielle est la liberté, il est assez normal qu'un délinquant, pour être puni, soit privé de liberté!
La prison serait fautive aussi car elle propagerait la délinquance en mélangeant tout le monde... Mais, dans le cas du présumé tueur de Bruxelles, c'est bien l'entassement qui est à l'origine de la radicalisation du braqueur tourquennois. La prison évoquée par Valéry Giscard d'Estaing n'est pas en cause.
Alors, bien sûr, une nouvelle fois, on va faire semblant de découvrir un problème pour y apporter une solution qui n'a rien de nouveau. La prison gêne? On va proposer une peine de probation pour lutter, disent certains, contre le "tout carcéral". Il suffit pourtant de se rendre dans un tribunal et d'y passer une journée à écouter les procès, pour s'apercevoir que la prison est loin, très loin, très très loin d'être la règle générale. Grosso modo, quand on est primo-délinquant, il faut vraiment faire fort pour se retrouver en prison.
Bien sûr, il existe déjà, à côté de bien d'autres peines alternatives, des peines de sursis avec mise à l'épreuve, des peines que l'on peut subir en semi-liberté, des peines de prison sans mandat de dépôt... A chaque fois, un juge d'application des peines va suivre le délinquant et voir si, au cours de sa mise à l'épreuve, le délinquant suit ses obligations: trouver un travail ou un stage, suivre une cure de désintoxication, effectuer un travail d'intérêt général, etc. Personne n'a encore réussi à m'expliquer quelle sera la différence réelle entre la peine de probation et, par exemple, le sursis avec mise à l'épreuve. Mais ce n'est pas grave, il suffira d'ouvrir pendant quelques jours son poste de télé pour voir s'affronter, dans des débats qui n'ont pas grand-chose à voir avec la réalité vraie, les partisans de la répression et du laxisme. Des débats qui ne changeront rien à la réalité: les places en prison continueront à manquer et les pauvres s'y entasseront tandis que quelques personnalités emprisonnées gagneront les quartiers VIP.
Didier Specq
PS Voilà ici ce que disait Nord Eclair quand le jeune Mennouche a été jugé pour braquage (qui "bien sûr" n'est pas passé aux assises comme le voudrait la loi).
21:48 Publié dans Justice, Politique, Prisons | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
un ptit topo sur la notion de Mise en examen serait utile . Deux ont été prononcées pour l'affaire du Grand Stade, source inouïe d'articles au long cours depuis des années. voici, après le conseil d'etat qui sauve Vauban et son chef d'oeuvre lillois, le juge d'instruction qui vient renifler dans les couloirs de LMCU. Pas un mot dans la presse régionale avant les municipales tellement le couvercle du secret est lourd. OU est ce encore un dysfonctionnement de la justice ? Car personne ne sait qui est " mis en examen". Une chose est sûre : le dindon de la farce, c'est nous. On va bientôt nous reparler de l'independance du procureur vis à vis de sa hierarchie.
A Lille, on est mieux informés sur les affaires nationales ( Copé, Bygmalion, Bettencourt) que sur les peripeties du grand stade.
Écrit par : Odeladeule | 11/06/2014
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