14/05/2014
La vérité n'a pas survécu avec les loups
Misha Defonseca, une Belge très menteuse installée aux USA va devoir rembourser 22,5 millions de dollars à son éditeur.
22,5 millions de dollars (16,4 millions d'euros), c'est une somme à la hauteur du mensonge et du succès du livre "Survivre avec les loups". C'est en 1997 que le livre paraît. Une histoire tragique qui va connaître un immense succès et qui va provoquer le tournage d'un film très côté lui-aussi.
Misha Defonseca, par instinct ou après réflexion, a tout compris de l'art du mensonge. D'abord, elle explique qu'elle est une petite fille juive dont les parents sont déportés par les nazis et qui se retrouve, en 1941, seule dans une maison abandonnée de Bruxelles. L'auteure prend donc la place de la victime absolue: une fillette juive dont les parents sont victimes de la Shoah. Qui oserait mettre en doute un tel récit?
Une fois l'empathie provoquée, le lecteur moyen ne peut que s'intéresser à la courageuse fillette qui se met en route, tout droit vers l'est, pour retrouver ses parents. Bien sûr, pour culpabiliser les lecteurs occidentaux, il faut leur explique qu'ils sont des lâches et que personne n'est venu prêter assistance à l'enfant. Ah, ces témoins qui, c'est bien connu, détournent les yeux! Seul un vieil oncle s'intéresse tout de même un peu à la petite Misha.
L'enfant survit donc à tout, se nourrit de restes, marche seule dans les forêts couvertes de neige. Une première fois, un couple de loups la sauve. Mais de méchants chasseurs tuent les loups.
La petite continue et aligne les clichés: les paysans refusent de l'aider, des nazis mitraillent un convoi d'enfants juifs, un Allemand viole devant l'auteure, cette dernière le tue, etc. Bref, ça va de plus en plus mal et Misha tombe, épuisée, dans la neige. Va-t-elle mourir? Non, elle ne pourrait pas écrire son livre et toucher le chèque. Une louve la sauve, la réchauffe, la nourrit. Le lecteur, accablé jusqu'alors de tant de barbaries, ne peut se dire que: "C'est bien vrai, ça, un loup, c'est plus amical qu'un homme!" Passons sur les détails: Misha, après avoir assisté à des règlements de comptes dans Varsovie insurgée, comprend qu'elle doit revenir en Belgique. Ce qu'elle fait.
Bref, Misha est une victime parfaite et personne ne songe à remettre en cause son récit parfait. Les livres se vendent par centaines de milliers. Pourtant, quelques journalistes flairent l'arnaque. Et, de fil en aiguille, l'auteure a fini par admettre que tout était faux. D'où le jugement de la Cour d'Appel du Massachussets. Dommage pour les lecteurs de l'ouvrage et les spectateurs du film. Ceci dit, Misha Defonseca prétend toujours être une victime: la dame maintenant âgée de 70 ans aurait éprouvé quand elle était petite de graves troubles psychologiques car ses parents se seraient mal comportés durant la guerre! Mal à l'aise dans la vie, elle aurait donc voulu cacher la grisaille de sa vie derrière une histoire héroïque.
Didier Specq
23:47 Publié dans Garde à vue, Justice, Loisirs et Culture | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Primo Levi a lui aussi sorti un roman sur un groupe d'evadés juifs qui se cachaient dans les forêts de Pologne et qui finissait par arriver à embarquer en Italie vers la Palestine. Mais il avait ecrit dans la preface que ce roman regroupait les differentes histoires qu'il avait entendu au cours de son sejour à Birkenau puis au cours de son retour vers l'Italie.
Écrit par : Odeladeule | 23/05/2014
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