16/02/2015

Affaire DSK: rebondissements au Palais

palais.jpg

Avec des parties civiles qui se refusent dorénavant à accuser DSK, le procès, du moins pour la vedette principale, tourne à la Bérézina.

Le 18 janvier 2012, sur ce même blog, nous titrions: "Un affaire DSK qui va faire pschiiiit?" Et nous ajoutions illico que l'affaire instruite de main de maître par la juge d'instruction Stéphanie Ausbart piétinait.

Voici trois ans, ce n'était guère à la mode de prendre un air dubitatif sur ce dossier où se mêlaient, apparemment, le proxénète présenté comme international, des policiers, un avocat, des personnalités du Tout-Lille et surtout DSK. Hier, un bon bout de ce dossier baobab s'écroulait cependant devant les journalistes qui se pressent de moins en moins pour la mise à mort de DSK.

Le matin, Me Emmanuel Daoud, pour le mouvement le Nid, se montrait encore circonspect. Toutefois, l'après-midi, Me David Lepidi, dans de longues explications, estimait bien sûr toujours que les trois mis en examen liés directement au Carlton, dont René Kojfer, étaient coupables de proxénétisme. De toutes façons, ils ont avoué. Même chose pour les deux patrons, celui du matériel médical et celui de la filiale de Eiffage, qui ont avoué avoir organisé des rencontres de sexe collectif pour leur ami DSK et d'y avoir introduit des prostituées quand les femmes libertines n'étaient pas disponibles en nombre suffisant.

Me Lepidi évitait carrèment le cas de Me Emmanuel Riglaire, amant d'une des prostituées qui dit avoir ignoré les activités tarifées de sa maîtresse. En revanche, Me Lepidi, presque des sanglots dans la voix, assure avoir toujours admiré Dominique Strauss-Kahn. L'avocat, qui rappelle ses activités anciennes de gestionnaire de portefeuilles d'actions, n'hésite pas à donner comme exemplaires les activités politiques et économiques de DSK.

Et de rappeler, "le 6 octobre 1997, l'intervention presque miraculeuse de Dominique Strauss-Kahn qui, alors même que la bourse avait chuté de 5% dans la matinée, a réussi dans la soirée à remonter les cours de la bourse de 2% au dessus du niveau de la veille! Plus 7% en une seule journée, c'est presque du jamais vu!". Me Lepidi cite plusieurs exemples de la même eau avant de revenir au dossier: en un mot comme en cent, l'avocat des "équipes de lutte contre la prostitution" détaille chacune des accusations portées contre DSK avant de dire, en guise de conclusion, qu'il n'a pas la preuve de la connaissance par l'ex-directeur du FMI de l'existence dans les "parties fines" de péripatéticiennes...

"On ne peut donc caractériser avec certitude le délit de proxénétisme pour Dominique Strauss-Kahn" conclut l'avocat. "J'ai été honnête avec moi-même" déclare Me Lépidi quand je lui fais part de mon étonnement.

Restaient tout de même les deux avocats des quatre prostituées parties civiles. Me Gérald Laporte stigmatise bien entendu les trois mis en examen liés au Carlton et les fans de DSK organisateurs de partouzes. Mais, au final, Me Emmanuel Riglaire est épargné: "Je vous laisse juges" lâche l'avocat.

Quant à DSK, là-aussi, on estime au final qu'il n'y a pas de preuves contre lui. En conséquence, on ne réclame rien contre DSK. Me Gilles Maton livre la même analyse: "J'avais d'abord été un admirateur de DSK et il a beaucoup déçu ce que l'on avait coutume naguère d'appeler le peuple de gauche". Mais pas de preuves de proxénétisme contre lui, on ne réclame plus rien.

Dernière surprise, les deux avocats annoncent que les quatre prostituées victimes ne réclament plus qu'un euro symbolique à l'encontre de chacun des prévenus qu'elles estiment encore coupables. "Certes, naguère, elles avaient besoin de leur argent mais, maintenant, elles sont sorties de la prostitution, elles ne veulent plus de leur argent, même en tant que parties civiles".

Inutile de dire que, avant les réquisitions des deux procureurs qui seront prononcées ce mardi, ce dernier rebondissement des parties civiles a plus qu'une valeur symbolique: il apparaît de plus en plus évident que la montagne va accoucher d'une souris, sans doute d'un souriceau. Pschiiiit...

Didier Specq

Commentaires

Réhabilitation ? En quoi ce procureur, bon technicien du droit rehabiliterait il quelqu'un qui a réussi à ne jamais être condamné pour ses multiples "erreurs de jugement", le delicat euphémisme qu'il emploie pour designer son comportement agressif envers les femmes ? Il a même echappé, selon sa biographie à la Cour de Justice de la Republique ainsi qu'à de multiples mises en cause : MNEF, favoritisme pour faire entrer sa secretaire chez Elf. A chaque fois, preuves insuffisantes.Ce vieillard avant l'âge en vient à inspirer de la commiseration : il s'en tire par son habileté qui, en d"autres circonstances, aurait pu être utile à la Republique en ces temps difficiles s'il avait su se liberer de ses pulsions. On gardera juste une petite lueur : la reflexion d'une des femmes emmenées à Washington et qui va voir les cerisiers en fleurs de Pennsylvania Avenue pour respirer autre chose que la glauque atmosphère de l'hôtel de luxe où ces personnages l'avaient amenée avec les bagages.

Écrit par : Odeladeule | 19/02/2015

Les commentaires sont fermés.