10/02/2011

magistrats: la bataille de l'opinion

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Report de tous les dossiers non prioritaires, grève, manifestations et rassemblements: le programme des magistrats est chargé aujourd'hui. Reste l'essentiel: la bataille de l'opinion. Et, là, ce n'est pas gagné...


Comme souvent la riposte des magistrats aux mises en cause de Nicolas Sarkozy s'engage sur un terrain que les juges n'ont pas choisi: l'assassinat d'une jeune fille par un habitué des tribunaux et des condamnations. Malgré l'horreur du crime, les magistrats ont-ils réussi à faire comprendre à ce qu'il est convenu d'appeler l'opinion publique que le suspect est un jeune délinquant banal qui a été remis en liberté normalement lorsque sa peine a été totalement purgée?

Autrement dit, un délinquant qui, comme dans tous les gros tribunaux de grande instance, existe à des milliers d'exemplaires. Un délinquant récurrent dont la dernière condamnation est "seulement" pour outrages à magistrat. Un dossier qui, faute de moyens, n'avait pas été jugé prioritaire.

Les magistrats ont-ils réussi à faire comprendre que tout le monde, jusqu'au ministre, est au courant de ce genre de choix? Pas sûr, pas sûr.

Les magistrats ont-ils réussi à faire comprendre que, même avec un suivi complet (quelques rendez-vous avec un psychologue, un travailleur social qui s'assure que le jeune homme cherche un travail, un stage ou un logement, une ou deux rencontres avec son juge d'application des peines qui peut gérer en même temps un millier d'autres dossiers), le crime n'aurait peut-être pas été empêché? Pas sûr.

Paradoxalement, l'opinion a peut-être commencé à recevoir un message plus complexe émis par les magistrats: depuis l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, les lois contradictoires se succèdent.

D'un côté, en roulant des mécaniques, on durcit: lois sur les peines plancher frappant les récidivistes par exemple. Et d'une autre côté, faute de places dans les prisons, on assouplit en catimini: peines de prison jusqu'à deux ans ferme qui peuvent être prononcées sans mandat de dépôt; six mois de réduction quasi automatique en fin de peine sans contrôle pour tous les détenus; bracelet électronique avec un contrôle plus que ténu du délinquant, etc...

Didier Specq

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