06/02/2011

les caves se rebiffent

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Nicolas Sarkozy a peut-être lâché la phrase de trop. En tous cas, chez les magistrats, ça mijote sous les bigoudis (la corporation -ne l'oublions pas- est très féminisée depuis longtemps). On aura reconnu, à gauche, le représentant national du Syndicat de la Magistrature et, à droite, celui de l'Union Syndicale des Magistrats. Récit.


Nicolas Sarkozy est un adepte du tir à vue sur les magistrats dès qu'un fait-divers sanglant survient. On se souvient de sa comparaison sur les magistrats "tous pareils, sans saveur, alignés comme des petits pois". Généralement, le président de la République est moins inventif.

Dans l'affaire dramatique de Laetitia, assassinée au Pornic, il se contente par exemple d'annoncer des sanctions qui tomberaient sur les "responsables" dans la justice et la police.

On sait que le suspect, sous le coup d'un sursis avec mise à l'épreuve pour outrages à magistrat, ne faisait pas partie des dossiers prioritaires parmi les milliers d'autres d'un tribunal surchargé. On pourrait faire remarquer qu'un délinquant ordinaire (récidiviste et ayant accumulé les méfaits depuis l'adolescence dont un viol en prison sur un co-détenu) ne signale pas généralement, même s'il est suivi, qu'il va commettre un meurtre. Certes, le suivi limite les risques de nouvelles infractions. Mais il limite seulement.

On pourrait ajouter aussi que, si c'est le suivi absent qui est en cause, les responsables sont ceux qui admettent tout à fait officiellement, au ministère, cet état de fait qui avait été signalé.

Mais l'essentiel n'est pas là. Les magistrats, qui ont tous suivi une scolarité exemplaire, sont des "caves" si l'on reprend la terminologie en usage dans le "milieu" des années cinquante. Un permis de juger obtenu une fois pour toutes, des salaires confortables, des honneurs rendus par les corps constitués, une réserve obligatoire, des usages, des costumes professionnels ridicules (dans la société civile normale), etc...

Nicolas Sarkozy a sans doute cru que, par voie de conséquence, on pouvait leur coller n'importe quoi sur le dos. Or, un jour, les caves se rebiffent. Assemblée générale à Lille lundi à 14 h 30.

Didier Specq

Commentaires

Monsieur le Président de la République ne serait-il pas un "multirécidiviste" en la matière des "petites phrases", "du tir à vue" sur les magistrats.....comme d'autres le sont de délits ou de crimes !
Ne devrait-il pas lui aussi, faire l'objet d'un suivi avec mise à l'épreuve ayant notamment pour obligation de respecter le principe de la présomption d'innocence, de la séparation des pouvoirs etc.....
Faudrait voir à nommer un conseiller d'insertation et de probation...

Écrit par : Nicopat | 07/02/2011

Le pire, c'est que ça marche. On trouve des Français sincèrement convaincus que le drame de Pornic aurait pu être empêché. Sauf à mettre au point un système de détection des crimes par anticipation tel que celui du film Minority Report, je ne vois pas comment prévoir qu'un homme condamné pour divers délits et un viol sur un co-détenu il y a 14 ans pourrait passer commettre un meurtre.
Quand bien même il aurait eu droit à un conseiller d'insertion et de probation et qu'il lui aurait confié avoir des envies de meurtre, que pouvait-on faire ? Il avait purgé toutes ses peines, la dernière en date était une peine avec sursis pour un "outrage à magistrat" (wahou). Qui peut croire que le fait de voir tomber son sursis pouvait le dissuader de s'exposer à la prison ferme à perpétuité ? Faut-il faire suivre par des policiers les milliers de délinquants condamnés à de la prison avec sursis ? Pour combien de temps ?
L'attitude de la présidence de la République est indécente. Le deuil de la famille de Laetitia n'a pas été respecté.

Écrit par : Darth Vader | 10/02/2011

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