16/10/2011

les liaisons dangereuses

vadim.jpegCarlton de Lille: ouverture de la semaine de tous les dangers.


Me Franck Berton, qui défend le "manager" de l'hôtel Carlton de Lille, par ailleurs propriétaire ou associé dans d'autres hôtels, présente une thèse intéressante: pour l'instant, ce ne sont que des "lampistes" qui seraient inquiétés dans cette affaire de "proxénétisme en bande organisée" et de "blanchiment". En conséquence, Me Berton, qui a demandé la remise en liberté de son client devant la chambre d'instruction de la cour d'appel, annonce qu'il ne gardera pas le silence si les "vrais" responsables ne sont pas mis en cause. Dans le même ordre d'idées, l'avocat pénaliste lillois déclare d'ores et déjà qu'un éventuel dépaysement du dossier vers Paris serait interprété par lui comme une tentative d'enterrer cette affaire explosive.

Le décor est donc planté pour des développements médiatiques et judiciaires croustillants. D'autant plus que certains médias n'hésitent pas à citer des noms de responsables politiques qui seront entendus tandis que d'autres écrivent froidement le nom de responsables policiers qui n'ont pas encore été convoqués par les juges d'instruction Stéphanie Ausbart (pour le versant proxénétisme) et Mathieu Vignau (pour le versant blanchiment du dossier). Un responsable policier serait un proche d'un responsable politique et l'on parle déjà de prostituées fournies à Paris voire aux USA. Tout cela, bruits et faits avérés, se diffusant avec la rapidité permise par internet.

Comme, par ailleurs, l'entrée du Carlton était surveillée depuis plusieurs mois par la police qui aurait loué un appartement en face, on imagine aisément les rapprochements possibles et les inquiétudes. Les amateurs de liaisons dangereuses frémissent. La semaine risque donc d'être agitée. Reste à espérer que des innocents ne seront pas entraînés dans le tourbillon judiciaire et médiatique.

Au Palais de Justice de Lille, on a déjà pris l'habitude de ce dossier et les séances du juge de la liberté et de la détention (JLD) se déroulent dans une salle inaccessible des étages du tribunal. C'est étonnant d'ailleurs de donner cette impression de décision de secret prise a priori. Car on avait cru lire dans la loi que le JLD tenait une audience publique sauf si, au début de l'examen du dossier, il jugeait bon d'ordonner, au cas par cas, le huis-clos.

Didier Specq

Commentaires

L'avocat de Kojfer, Me Snyckerte, tient le meme discours. cela veut il dire qu'ils ont raison? ce peut etre aussi une facon de detourner l'attention sur des volets plus mediatiques mais bien peu judiciaires : si dsk a profite des services du reseau, ca n en fait pas un proxenete. De meme, si des policiers ont ete complices de ces agissements, c est grave, mais ca ne fait pas de nos hoteliers des lampistes... a suivre, car on n est surement pas au bout de nos surprises!

Écrit par : jackydurand | 16/10/2011

Cher jackydurand,

Effectivement, votre remarque est intéressante. Ceci dit, René Kojfer ne ressemble pas du tout à un grand proxénète international, je vous le garantis.

Didier Specq

Écrit par : didier specq | 16/10/2011

Il me semble que se confondent dans ce dossier trois transgressions de natures bien différentes :
La plus subjective est évidemment celle de la morale, elle n'est sanctionnée que par l'opinion que chacun concevra, en fonction de ses valeurs propres, de ce qui se passait au Carlton ou ailleurs.
Autre transgression : celle des règles disciplinaires qui encadrent les professions des personnes ici mises en cause. Les obligations de probité qui entourent ces professions sont beaucoup plus strictes que la règle pénale. On a souvent l'impression que les instances chargées de les faire respecter sont assez molles. Peut être est-ce du à l'absence de transparence de ces instances.
Il reste enfin la règle pénale. Et là, il y a deux principes : d'abord, n'est punissable que ce qui est visé expressément par la loi. Ensuite, toute personne qui n'a pas été condamnée doit être présumée innocente, et soyons sérieux, le fait de brocarder un nom à longueur de pages, même en conjuguant le verbe présumé à toutes les sauces, est attentatoire à cette présomption.
Sous cet angle, l'avocat de M. K. a, à mon avis, tort de banaliser les faits reprochés à son client, qu'il présente comme n'excédant pas les limites d'une pratique courante. Cette pratique, si elle est avérée, est contraire à la loi pénale.
Par contre, on ne peut que s'étonner avec lui de la tonalité de papiers comme celui paru aujourd'hui dans la vdn, qui présente presque DSK comme la victime d'un complot sarkojférien.
On en arrive à cette situation ubuesque dans laquelle le "bénéficiaire" de la présomption d'innocence passe pour le pire des salopards, alors que des professionnels tournant autour des limites, et surtout, des hommes publics se complaisant dans des situations susceptibles de choquer ne devraient pas être nommés.

Écrit par : Edouard d'Erf | 17/10/2011

@didier specq

Je ne dis pas que Kojfer est un proxenete international, mais il a mis des gens en relation. a un moment faut pas non plus etre naif.

Mais ce que je pretemds, c est surtout qu il est tres facile pour des avocats de crier au grand mechant loup pour faire passer leurs clients pour des agneaux. et bien qu ils parlent, s ils ont des choses a dire!

Écrit par : jackydurand | 18/10/2011

Les commentaires sont fermés.