18/10/2011

Un candidat post-féministe

hollande.jpegEt si, finalement, François Hollande était le premier candidat de l'après-féminisme...


Alors que les lois sur la parité et sur l'égalité salariale ont bien du mal à passer dans la vie concrète, les primaires socialistes de 2011 viennent de se dérouler dans un contexte idéologique très différent des primaires socialistes qui précédaient l'élection présidentielle de 2007.

A cette époque déjà lointaine, malgré la vieille chanson de Renaud sur Margaret Thatcher, une candidate féminine était jugée presque par définition comme plus intéressante, plus concrète, plus proche des gens, pleine d'empathie, gentille, moins dominatrice... "On devrait interdire la politique aux hommes de plus de soixante ans" avait osé dire Dominique Voynet. Ségolène Royal avait d'ailleurs gagné largement la primaire socialiste de l'époque face à Laurent Fabius et Dominique Strauss-Khan. On parlait déjà en 2007 des adhérents à 20 euros qui, disait-on, se prononçaient largement pour Ségolène Royal.

Inutile de dire que François Hollande, en ces temps déjà reculés, n'était guère considéré. Au fond, il s'occupait de la cuisine interne: il avait remis sur pied le parti socialiste déboussolé après l'éviction de Lionel Jospin du second tour des présidentielles de 2002. Mais il n'était guère question que l'homme du parti puisse se présenter face à Ségolène Royal, sa compagne.

De la même façon, quelques années auparavant, à compétence et à ancienneté égales, on avait expliqué à François Hollande qu'il ne pouvait entrer au gouvernement en même temps que sa compagne Ségolène Royal. Même date de naissance, même passage à l'ENA, même militantisme mais, au final, François Hollande s'était retiré devant les ambitions légitimes de Ségolène Royal. Aujourd'hui, bien sûr, on va reprocher à François Hollande son manque d'expérience ministérielle comme on expliquait, jadis, que les femmes avaient moins de connaissance du monde puisqu'elles étaient restées plus à la cuisine que les hommes.

En 2011, Martine Aubry a bien entendu expliqué que le temps est venu qu'une femme soit présidente de la République. Une nouvelle loi a également été évoquée comme première mesure de gouvernement visant à établir enfin l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. Mais, cette fois-ci, l'argument "femmes" a fonctionné beaucoup moins. Comme si, en 2011, une femme et un homme étaient jugés enfin comme ce qu'ils étaient. Et non pas à l'aide d'idées reçues.

Au final, François Hollande était soutenu par de nombreux dirigeants socialistes dont Ségolène Royal. Martine Aubry, visiblement plus isolée, a été soutenue entre autres par Dominique Strauss-Kahn. Personne ne doute bien entendu du féminisme de DSK...

Didier Specq

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