11/01/2013

mariage pour tous: beaucoup de bruit pour rien?

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A la veille de manifestations qui devraient réunir beaucoup de monde, est-il raisonnable de pointer une certaine agitation pour pas grand-chose...

Quand on observe l'évolution d'une société à partir d'un tribunal, certaines évolutions, considérées quelquefois comme des révolutions, sont très, très relativisées. Souvenons-nous par exemple des débats enfiévrés à propos du PACS. Christine Boutin montait à la tribune de l'Assemblée Nationale en brandissant la Bible. Bizarre pour des adeptes de la "morale"... Surtout pour ceux qui ouvrent réellement la Bible et qui peuvent y découvrir par exemple comment on traitait, sans l'ombre d'une critique, les populations conquises: les habitants de Jéricho, entre autres, dont les murs s'étaient écroulés à coups de trompettes, sont exterminés jusqu'au dernier, hommes, femmes, enfants. Même les animaux domestiques, précisent les rédacteurs, sont exterminés.

Aujourd'hui, dans les greffes des tribunaux d'instance, les candidats au PACS se succèdent dans l'indifférence générale.

Ce mélange détonnant de religion et d'évolutions sociales se retrouvent dans le débat sur l'ouverture du mariage civil aux homosexuels. Depuis longtemps, le mariage, présenté à tort comme une institution millénaire, a évolué. Qu'y a-t-il de commun, sérieusement, entre le mariage actuel et le mariage célébré du temps des Rois où la femme et les enfants n'avaient aucun droit sinon celui de se taire?

Depuis 1789, quand l'état civil et le mariage sont sortis du strict cadre catholique, le mariage a connu bien des évolutions: les enfants et même les enfants adultérins sont considérés grosso modo de la même façon; le divorce est devenu de plus en plus facile et de plus en plus courant; le "devoir conjugal" exigé de la femme est devenu un viol puni plus sévèrement par la loi que le viol d'une inconnue par un inconnu; d'autres formes d'union (union libre et PACS) sont venues s'ajouter aux possibilités ouvertes aux couples.

Est-on bien sûr d'ailleurs que la majorité des Catholiques estime encore aujourd'hui que les prescriptions de l'Eglise (interdiction de toute sexualité hors mariage par exemple) sont au centre de leur comportement dans la vie de tous les jours?

Car, qu'on le veuille ou non, la France, majoritairement rurale et catholique des années 50 du siècle dernier, a beaucoup évolué. Qu'il est loin, psychologiquement, le temps où le patron d'un hôtel demandait d'un air suspicieux les cartes d'identités d'un couple non marié qui se présentait à la réception. Qu'il est proche en réalité: quelques dizaines d'années.

Qu'il est loin le temps où la pharmacienne, quand un homme voulait acheter une boîte de pilules pour sa compagne, s'étonnait, vérifiait à voix haute l'ordonnance, émettait des commentaires désapprobateurs divers et variés. Qu'il est proche en réalité: quelques dizaines d'années.

Qu'il est loin le temps où tout le monde (ou presque) s'accordait à penser que les pauvres petits employés municipaux du service de l'état civil ne pourraient assumer le PACS et qu'il fallait envoyer les candidats au PACS vers les greffiers d'un tribunal d'instance habitués à en voir et en entendre de toutes les couleurs. Qu'il est proche en réalité: quelques années.

Bien sûr, du point de vue de beaucoup d'homosexuels, l'accès au mariage est très important: il légitime leur couple et il permet de résoudre les derniers problèmes juridiques pas encore couverts par le PACS.

Mais, sur le long terme, force est de constater qu'il s'agit plutôt, du point de vue des partisans d'une famille stable, d'une légitimation par les homosexuels, du moins une partie d'entre eux, de l'institution du mariage. L'évolution, malgré l'ampleur des défilés dans la rue, entrera dans les lois comme elle est entrée dans les faits. La société a précédé la loi. Et nos enfants regarderont avec étonnement cette empoignade qu'ils ne comprendront pas.

Mieux: on constatera bien vite que le mariage des homosexuels, comme ça s'est produit pour le PACS, concerne une infime minorité des personnes mariées.

Didier Specq

Commentaires

Combiens de divorcés parmis les manifestants ce dimanche ?
Hypocrisie quand tu nous tiens.

Écrit par : Bonsensenaction | 11/01/2013

Tout à fait d'accord avec la mariage pour tous. Qui s'y oppose manque de respect envers autrui. On peut être ou ne pas être d'accord,mais nul n'a le droit d'imposer son opinion aux autres. Nous sommes en démocratie,donc il faut respecter la liberté de ses concitoyens.

Écrit par : alomar | 11/01/2013

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