Péripéties judiciaires

Bien entendu, officiellement, Bertrand Delanoë veut préserver les poumons des Parisiens. Bien entendu, pour ne pas gêner ceux qui auraient un véhicule trop ancien, le maire de Paris est prêt à proposer à prix cassé voire gratuitement un moyen de transport collectif. Bien entendu, le maire de Paris préfère les voitures électriques puisque c'est propre au centre de Paris et que le danger nucléaire est écarté dans de lointaines contrées où l'on produit l'électricité. Bref, le projet de Bertrand Delanoë est bien dans l'air du temps...

Pourtant des voix s'élèvent contre le projet d'interdire l'entrée de Paris aux automobiles âgées de plus de 17 ans et aux motos de plus de 10 ans.

Parmi ces voix qui s'élèvent, on compte, entre autres, les amateurs de voitures anciennes et certains clubs qui, aujourd'hui, manifestaient à Paris.

L'Association des 2 CV Club de France, par exemple, s'étonne qu'on puisse vouloir interdire leur véhicule à Paris alors que les 2 CV, propulsées par des moteurs de 602 cm3 au maximum, pollueront toujours moins que les énormes véhicules climatisés actuels qui pèsent trois ou quatre fois plus qu'un 2 CV.

En effet, très curieusement, le maire de Paris ne prend pas en compte la pollution réelle (mesurée par exemple au pot d'échappement) engendrée par un véhicule mais uniquement son âge! Une position qui, bien sûr, ne chagrine pas du tout l'industrie automobile qui voit plonger ses ventes de véhicules neufs.

Inutile de dire aussi qu'un citoyen pauvre qui roule dans une vieille auto strictement pour se rendre à son boulot ou déposer ses gosses à la crèche pollue bien moins qu'un autre automobiliste qui roule sans arrêt dans une voiture neuve car il a les moyens de circuler et de stationner malgré les coûts prohibitifs des emplacements où l'on peut se garer. Là non plus, la raison et l'intensité des déplacements n'intéressent pas le maire de Paris. Seul compte bizarrement l'âge du véhicule.

La municipalité n'a pas l'air de s'intéresser non plus à la pollution engendrée par les véhicules de la RATP ou de certaines administrations comme l'armée.

Et, bien entendu, le maire de Paris ne s'intéresse pas non plus au bilan carbone de la construction d'un véhicule neuf qui, au final, si l'on prend tout en compte, polluera peut-être bien plus qu'un véhicule ancien équivalent simplement reconditionné ou maintenu dans les normes de pollution actuelle.

Autrement dit, seuls, à Paris, auront le droit de polluer les acheteurs de véhicules récents... Une vision dogmatique de l'écologie qui pose pour le moins problème.

Le projet du maire de Paris devrait entrer en vigueur à partir de septembre 2014 mais, d'ores et déjà, des avocats annoncent des recours. En effet, devant les tribunaux, pour une interdiction générale et permanente de circuler prise à l'encontre de véhicules par ailleurs parfaitement légaux, l'abus de pouvoir est vite arrivé...

Didier Specq