Péripéties judiciaires

Récemment, sous la signature de Bruno Renoul, Nord-Eclair, à l'occasion de l'arrêt de la cour d'appel de Douai concernant une certain nombre de nullités soulevées par la défense, a publié un curieux témoignage. Curieux parce qu'il n'a finalement pas grand-chose à voir avec les reproches, réels ou supposés, adressés à Dominique Strauss-Kahn. Rappelons que, tout de même, l'ancien directeur du FMI est mis en examen, par trois juges d'instruction lillois, pour "proxénétisme en bande organisée", un supposé crime qui, on peut le parier, n'ira jamais aux assises. Passons.

Ce blog, à plusieurs reprises, a évoqué l'accusation finalement assez étonnante adressée à DSK: client d'éventuelles prostituées, on ne peut pas le poursuivre mais, "utilisateur" de services sexuels tarifés à l'occasion de "parties fines", on pourrait l'accuser d'avoir facilité la prostitution d'autrui car telle ou telle femme vénale serait passée de bras en bras...

Voici un an, nous avions ironisé en titrant: "année 2012, année de la partouze". Un an plus tard, on en est toujours là: est-ce qu'une sexualité de groupe, parce qu'une prostituée est présente, devient un acte de proxénétisme? DSK a une réponse qui coupe court aux interrogations juridiques: il a toujours ignoré que telle ou telle partenaire ait pu être rétribuée.

Les amis les plus proches de DSK affichent la même certitude: l'ex-futur candidat à la présidence de la République n'a jamais su que ses amis avaient glissé des prostituées parmi les femmes libertines participant à ce qu'il est convenu d'appeler des parties fines.

Se pose alors une question auquel le témoignage publié par Nord-Eclair répond en partie: existerait-il des femmes qui, sur un simple coup de fil d'un homme aussi puissant que DSK, sont capables de faire preuve d'aussi peu de vertu que la secrétaire évoquée par Nord-Eclair?

Apparemment oui. Car la jeune secrétaire répond immédiatement par l'affirmative à la demande de rendez-vous de DSK. Il l'emmène illico, selon elle, dans un club libertin puis dans un club sado-maso; ça étonne la jeune femme mais sans plus.

Désespérant de trouver un boulot plus valorisant, elle reprend contact avec DSK et se plaint lorsque, malgré leurs relations intimes, le directeur du FMI ne lui trouve pas un travail. La jeune femme, lors d'une partie fine dans un hôtel lillois qui n'est pas le Carlton, explique que, du premier coup d'oeil, elle a vu que des prostituées officiaient. Mais la jeune femme décrit surtout un monde cruel où, au delà des rapports prostitutionnelles classiques, la promotion canapé existe toujours, y compris dans la tête de certaines femmes. Et, comme diraient les juristes, "ça n'est pas du pénal".

Didier Specq