24/02/2011

les espèces protégées

Cormoran.jpgEn raison de l'empilage des lois et des priorités de la politique pénale, devant les tribunaux, il existe des espèces protégées. Les compagnes actuelles ou anciennes, les policiers, les agents des transports, etc. Ce qui donne, parfois, des contrastes saisissants.


Imaginons un caïd de quartier qui frappe une voisine qui ne baisse pas les yeux quand il passe. Deux yeux au beurre noir, os propres du nez fracturés, maux de tête pendant quelques semaines. Pour une telle blessure, ça donne devant la médecine légale, moins de 8 jours d'interruption totale de travail. Autrement dit, c'est, légalement parlant, une simple contravention.

En revanche, si ce caïd frappe une concubine, même très ancienne, même légèrement, c'est un délit. Et, très vite, s'il y a récidive, c'est la prison. D'autant que les lois sur la récidive sont durcies sans cesse. On voit tout de suite les contrastes qui peuvent exister et qui sont parfois difficilement explicables.

Hier, devant la chambre des comparutions immédiates à Lille, un homme, très bien défendu par Me Charles Lefebvre, se retrouvait dans cette situation. L'histoire est la suivante. Pendant quelques mois, cet homme, jamais condamné, admet que sa femme ait un amant. Un jour, il craque. Il se munie de ruban adhésif pour attacher sa future victime, d'une cagoule, d'un pistolet factice, d'un faux colis pour entrer dans son immeuble. Quand l'agresseur cagoulé rentre chez son rival, il lui casse la figure et, alors qu'il sait que son rival a été opéré à coeur ouvert quelques semaines avant, il s'acharne sur son thorax. Résultat des courses: le rival en triste état aux urgences et un mois d'ITT attesté par le médecin légiste.

Pour cette agression préméditée, le prévenu prend deux années de prison avec sursis. La victime ne faisait pas partie des espèces protégées. C'était un simple Roubaisien âgé de 50 ans. Bien sûr, au cours de la même audience, pour des faits en eux-mêmes bien moins graves, d'autres (certes récidivistes) ont été directement rejoindre la prison. Un contraste peut-être un peu trop saisissant.

Didier Specq

Commentaires

Bonjour ,

Moins grave , mais davantage susceptible de se reproduire une nouvelle fois ? Cela doit sûrement être apprécié au cas par cas ;
alors que la prison pour une "première fois " ne serait-elle pas un danger de produire la récidive ? ou une nouvelle délinquance ?

Ce qui m'interpellerait davantage c'est que les dommages et intérêts ne soient pas en rapport avec le préjudice subi ; promptement versés , avec au besoin saisie des biens , et révisables au cas où une aggravation ou des conséquences supplémentaires survenaient .

Ceci dit pour la récidive ou la délinquance en général , nous avons eu l'information sur le coût de la nouvelle prison d' Annoeulin : en partenariat public privé (PPP) , 688 détenus pour un coût annuel de 12 millions d'euros , c'est 1453 euros mensuels par détenu !

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Metropole_Lilloise/actualite/Secteur_Metropole_Lilloise/2011/02/13/article_en-chiffres.shtml

Quelques postes supplémentaires d'éducateurs de terrain ne seraient -ils pas un meilleur investissement ?

Écrit par : Bernard 27 | 24/02/2011

Je ne suis pas sûr du tout que le chiffre de 12 millions d'euros par an intègre le coût des surveillants et de l'administration d'Etat. A mon avis, d'après les chiffres cités habituellement par l'appareil judiciaire, un détenu, c'est 80 euros par jour tout compris.

Ceci dit, dans ma note, je voulais parler de la hiérarchie parfois étonnante des sanctions notamment en termes de prévention de liberté.

D.S.

Écrit par : didier specq | 25/02/2011

Bonjour ,

Oui , vous nous informiez surtout de l'incarcération ou la non incarcération selon qu'il y a récidive ou non .

Faut-il nier qu'un individu qui récidive présente un danger et un état d'insécurité supplémentaire pour la société ,et qu'en conséquence la sanction soit plus (trop ?) forte ?

Reste à savoir si le fait de le mettre en prison diminuera à sa sortie cet état d'insécurité ?

Vu le coût d'un détenu , j'y reviens , ( effectivement plus près de 2400 euros mensuels minimum , avec des différences selon les prisons , voir internet ) n'y a t -il pas mieux à faire ?

Écrit par : Bernard 27 | 25/02/2011

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