11/01/2011

Jean-Louis Brochen part vers de nouvelles aventures

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C'est une petite note que l'on lit dans le courrier du bâtonnier de l'ordre des avocats de Lille: Jean-Louis Brochen vient de raccrocher sa robe, il quitte "l'avocature". Une petite note pour un grand évènement.


Evidemment, on le savait. Jean-Louis Brochen allait partir en retraite. Il l'avait même plaider lors d'un procès d'assises. Une petite fête entre amis. Quelques salutations. Et, hop, une page se tourne. Pourtant, ce n'est pas si simple que ça car Jean-Louis Brochen, 66 ans, est une personnalité importante.

Tout commence par une carrière d'avocat à Lille, plus exactement à Roubaix d'ailleurs pour la localisation de son cabinet, qui commence par une prestation de serment en novembre 69. Nous sommes dans l'après 68 et, à l'époque, toutes les institutions sont contestées. L'éducation nationale, l'armée, l'inspection du travail, le cinéma, la musique commerciale, le théâtre, etc, etc, sont dans l'oeil du cyclone.

La magistrature connaît des soubresauts avec les premiers vagissements du Syndicat de la Magistrature. Les avocats s'organisent autour de l'Union des Jeunes Avocats et du Syndicat des Avocats de France et ils perdent leur statut de notables compassés. Des juges comme Patrice de Charette s'installent à Béthune et proclament que la "Révolution surgira par l'application stricte de la loi". C'est l'époque où, à Béthune, des patrons, suite à un accident du travail par exemple, se retrouvent en prison comme de vulgaires délinquants. Pourquoi Béthune? Parce qu'on avait l'habitude d'y nommer les fortes têtes gauchisantes et que les contestataires étaient souvent majoritaires dans les chambres correctionnelles.

Jean-Louis Brochen, en tant que responsable de l'Union des Jeunes Avocats puis en tant que responsable national du Syndicat des Avocats de France, est de tous les combats, de toutes les conférences de presse, de toutes les prises de position. Le fils du bâtonnier Yves Brochen prend alors la tête d'un petit cabinet de Roubaix qui se retrouve dans toutes les affaires médiatiques de l'époque.

Mais, avec Jean-Louis Brochen, ce cabinet ne deviendra jamais une institution. On reste très proche du petit cabinet d'avocats sympathiques toujours prêts à défendre la CFDT, les exclus, les prostituées, les pauvres... Un cabinet pénaliste aussi qu'on verra souvent aux assises et dans les chambres correctionnelles.

Quand Jean-Louis Brochen est élu bâtonnier en 1990, c'est la fête un vendredi soir dans la salle des pas perdus du tribunal de Lille car l'avocat tient à inviter tout le monde. Jean-Louis Brochen ne sera donc pas un notable. Et, durant le dernier mandat municipal de Pierre Mauroy, Jean-Louis Brochen, quand il devient adjoint à la culture, reste encore très proche du militant de gauche de base.

C'est dans ce contexte qu'il rencontre Martine Aubry. Et dans le rôle de mari de Martine Aubry, Jean-Louis Brochen adopte un profil discret, très discret. Totalement à l'opposé de son rôle d'avocat ferraillant sans discrétion sur tous les fronts!

Aujourd'hui, Jean-Louis Brochen tourne donc la page. Et un certain Gildas Brochen, avocat au barreau de Lille, a pris la succession.

Didier Specq

Commentaires

Bien vu, bien dit et tout en litotes.

Écrit par : nietzschemoustachu | 12/01/2011

Vous évoquez la fête organisée au Palais de Justice lorsque Jean Louis devint bâtonnier. Je crois me souvenir que vous aviez titré alors : "Avec Brochen, c'est Broadway !"...

Écrit par : Pascal COBERT | 12/01/2011

Normal cher Cobert! J'étais très gauche américaine et un peu con à l'époque!

Écrit par : didier specq | 12/01/2011

Moi, je souhaite que l'avocat Gildas Brochen respecte les règles car le respect des règles et avant tout aussi important que de défendre les pauvres. "Le respect des valeurs telles que le travail entre autre..., sans travail nous n'avons rien même moins que rien et les problèmes psychologiques s'en suivent..; Ce n'est pas du Sarkozysme mais de la logique pure et simple.

Écrit par : pauline | 15/01/2011

De plus, moi et les truands et les prostitués, cela fait deux ; Un avocat défend mais je pense que je préfère les médecins, quoique l'on en dise. De toutes les façons, avocate, je refuserais de prendre tous les dossiers notamment ceux des truands.Pour les prostitués de la ville de Lille, il y a des structures d'insertion sociale et professionnelle, sur Lille. Il faut d'abord prévenir plutôt que de guérir...et les orienter, à cet effet. Après, il y a souvent la drogue alors ? La police a aussi son rôle de médiateur et non celui de mettre automatiquement tout le monde, à la prison de Loos. Mais, il est souvent trop tard.

Écrit par : pauline | 15/01/2011

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