18/02/2011

justice: fin de mouvement

Bulldozer.jpgUn mouvement pour rien? On pourrait le croire à la vue des derniers sondages parus dans le Figaro. Cependant, cependant, c'est sans doute tout le contraire...


Le mouvement des magistrats, commencé avec 60% d'approbation dans les sondages, se termine avec des sondages made in Figaro qui, sans surprise au fond, expliquent que les Français aimeraient plus de sévérité.

Les questions suivent l'ordre des urgences médiatiques parisiennes du moment: récidives, agressions sexuelles, affaires financières. En revanche, les Français seraient plus "cool" en matière de petite délinquance de rue. Pas sûr. Sur la sévérité, suit l'habituel questionnement sur le clivage politique. A gauche, on approuve plutôt les magistrats. A droite, on les juge volontiers trop laxistes.

Ce sondage n'est pas mal en ce sens qu'il démontre que ces sondeurs n'ont rien compris au mouvement des magistrats. Car, en bonne partie, la protestation unanime des magistrats et des autres services de justice (y compris certains syndicats de policiers) vise à montrer le double langage permanent du discours politique dominant actuel: on fait des lois dures sur les récidivistes mais, en catimini, on n'a jamais été si loin sur les remises de peine, les peines de prison ferme sans mandat de dépôt (!), les suivis pas suivis, les exigences d'expertises psychiatriques sans pouvoir payer les psychiatres, etc, etc.

C'est justement un des acquis du mouvement des magistrats: mettre en évidence ce double discours qui ne recoupe pas du tout le clivage prétendu entre les laxistes et les pas laxistes. Car, justement, le drame de la justice et de la police, c'est que les conditions de la répression (juste, raisonnée, avec des moyens et de la suite dans les idées) ne sont pas remplies.

Et, visiblement, l'opinion commence à découvrir ce message. En ce sens, le mouvement des magistrats (qui devrait déboucher sur des états généraux de la justice) n'est pas du tout terminé.

Didier Specq

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