17/05/2011

La femme de ménage, enfin!

images6.jpegCécile Duflot et Clémentine Autain ont été les premières femmes politiques à parler de la femme de ménage qui a droit au respect aussi. Le premier ministre a parlé aussi de la gravité des faits s'ils étaient avérés. Enfin!


Les députés ont voté récemment unanimement une loi sur les violences psychologiques dans le couple. Violences perçues d'abord et avant tout comme des violences faites aux femmes. Il était tout de même étonnant que ceux qui nous font la morale habituellement à propos de l'oppression des femmes oublient brusquement, quand l'un des leurs est sous le coup d'accusations, que, peut-être, derrière tout ça, il existe une femme victime de violences sexuelles. Curieux tout de même. D'habitude une femme, pauvre et noire, a droit, au moins en théorie, à plus de respect.

Quelques femmes politiques et féministes ont commencé à évoquer cette question. Le premier ministre français également. Petit à petit, l'éventualité semble poindre dans les commentaires que la police et le procureur de New-York possèdent dans leurs manches éléments matériels et témoignages confortant la thèse de la femme de ménage qu'affronte DSK.

Nouveauté également: l'avocat de la femme de ménage du Sofitel de New-York monte au créneau et parle de la souffrance de sa cliente. Enfin, l'éventuelle victime commence à exister dans l'actualité française!

Didier Specq

Commentaires

C EST MARINE LEPEN QUI LA PREMIERE A EU UNE PENSEE POUR LA VICTIME A L ANNONCE DE L ARRESTATION DE DSK CES 2 DAMOISELLES QUI S ARROGENT LE FAIT D ETRE LES PREMIERES SONT 2 GIROUETTES TOURNANT AU GRE DU VENT MEDIATIQUE MISERE

Écrit par : BEBERLELUCIDE | 18/05/2011

Ce que vous dîtes est en partie exact: c'est vrai que Marine Le Pen en a parlé. Mais, sur la question des femmes victimes, Clémentine Autain et Cécile Duflot sont loin d'être des girouettes et ont vraiment insisté sur la question de la dignité de la femme de ménage, peut-être victime (DSK n'a pas encore été jugé) et tout de suite accusée par certains d'être l'instrument d'un complot. D.S.

Écrit par : didier specq | 18/05/2011

Martine Aubry savait parfaitement qu'elle s'associait au moins implicitement avec une personne qui souffre de troubles graves occultés par les media. Pas un mot pour la victime dans sa première declaration ( chez Meert !) comme si une femme noire de 32 ans etait une affabulatrice. Et dejà un soutien à DSK comme une corde de pendu . L'ambiguïté et toujours la langue de bois.

Le viol est un crime et doit être puni comme tel. Et il est heureux que le NYPD ait mis le grapin sur DSK. Car c'est un homme dangereux qui , une fois revenu en France n'aurait jamais été extradé.
Imagine-t-on enfin le scandale si une affaire de ce genre etait arrivé s'il etait devenu president de la Republique ?

Écrit par : indy.texto | 18/05/2011

Désolé, je poste à la fois sur FB et chez toi, mais j'aimerais avoir ton avis.

En même temps, ceux qui n'utilisent pas le terme de victime pour parler de la femme de ménage ont un argument de poids : la loi. C'est la loi qui fait que cette femme n'est pas victime. DSK est présumé innocent (selon la loi américaine, comme la loi française), c'est acquis pour tous. En outre, il s'affirme innocent, ce qui ne permet donc pas de mettre de côté cette présomption légale dont il bénéficie. Dans la mesure où cette jeune femme dit avoir été violée par lui, il n'existe donc aucune autre alternative que : DSK a commis l'infraction ou DSK n'a pas commis l'infraction (je veux dire que si ce n'est pas lui, c'est personne d'autre). A partir du moment où la loi nous dit que DSK n'a pas commis l'infraction, c'est qu'il n'y en a pas à ce stade (puisque l'infraction ne peut être objectivée par des preuves évidentes, comme un cadavre pour un meurtre, par exemple). Et, a fortiori, s'il n'y a pas d'infraction, il n'y a pas de victime.

Le terme de "victime présumé", parfois utilisé par fausse prudence, est abusif. Il n'existe pas de symétrique à la présomption d'innocence. Du point de vue d'une femme qui aurait subi un viol, c'est moche, mais c'est comme ça, elle n'est qu'une "victime alléguée", tout au plus.

Aujourd'hui dire de cette femme qu'elle est "victime" ou "présumée victime" n'est pas possible car, pour que les mots aient un sens, et compte tenu de l'absence de preuve objective de l'infraction, d'une part, et de l'absence de responsable alternatif à DSK, d'autre part, cela revient à dire, symétriquement, que DSK est "coupable" ou "présumé coupable". Or, cela est illégal en vertu d'un principe qui a arbitré, à raison, en faveur de la présomption d'innocence.

Cela n'interdit pas de penser que SI tout ce qu'elle dit est vrai, elle mérite de la compassion, mais ça interdit, selon moi, de s'indigner sur sa reconnaissance insuffisante en tant que victime. Dans le scenario à hypothèses réduites qui est présenté, elle ne deviendra victime que SI DSK est condamné. Jusque là, elle doit se contenter de "victime alléguée", "victime prétendue" ou de "victime affirmée".

Est-ce indigne, infamant ? Non, pas du point de vue de la société et du citoyen. Du sien, peut-être, mais la justice n'est pas rendue au nom des victimes mais de la société.

Écrit par : François PARRAIN | 20/05/2011

@ François Parrain :
vous avez parfaitement raison. Mais la grande prudence à laquelle appellent nombre de responsables politiques, ils devraient se l'appliquer à eux-mêmes sur d'autres faits divers où le mis en cause n'est pas DSK.

Par exemple, aucun ami de DSK n'est venu rappeler aux journalistes ou au président de la République que Tony Meillon, suspecté d'avoir tué la jeune Laëtitia à Pornic, est présumé innocent, ou qu'Alain Penin, suspecté d'avoir violé et tué une joggeuse à Marcq-en-Baroeul, reste présumé innocent. Si j'osais - allez, j'ose -, j'ajouterais qu'aucun n'a osé dire à Obama que non, justice n'a pas été faite avec l'assaut des forces spéciales qui s'est soldé par la mort d'Oussama Ben Laden. Celui-ci est, hélas, mort en restant "présumé innocent".

Bien au contraire, les faits divers sordides sont bien souvent exploités par des responsables politiques, pour, au nom des victimes, faire voter des lois toujours plus répressives ou juste pour fracasser les magistrats en général, forcément laxistes.

Bref, cette prudence extrême - je préfère passer sous silence certaines interventions totalement stupides - est tout à leur honneur... mais à géométrie variable.

Écrit par : Darth Vader | 20/05/2011

Le droit, c'est aussi du bon sens. La présomption d'innocence, c'est aussi une façon de présenter les faits avec des conditionnels, des doutes, des interrogations. Justement parce que ces "faits" ne sont pas encore devenus des faits juridiques définitivement jugés.

Ainsi, la présomption d'innocence absolue, dans toute sa rigueur, reviendrait à ne parler strictement de rien. Pas de photos, pas de faits, pas de noms, pas d'accusations, pas de doutes, pas de publicité autour des parties civiles, pas la moindre violation du secret d'instruction, pas de compte-rendu d'audience puisque toutes les voies de recours ne sont pas épuisées...

Bien sûr, à l'inverse, pour les gens de peu, il existe parfois une présomption de victime absolue. Ainsi, dans une affaire survenue à Bucquoy, près d'Arras, Jack Lang, ministre de la culture et de l'éducation nationale, fait distribuer aux parents d'élèves d'une école maternelle un tract où il explique, à l'indicatif, le drame survenu localement: le mari de la directrice de l'école aurait tripoté des enfants.

Le mari jamais condamné a toujours nié mais passe plus d'une année en détention provisoire malgré l'absence totale d'éléments matériels contre lui. La directrice de l'école maternelle, témoin assistée, est suspendue. Une institutrice, à qui l'on ne reproche strictement rien, est mutée de force à l'autre bout du département. Au final, non-lieu: il ne s'est jamais rien passé...

Nord-Eclair avait largement parlé de cette affaire à l'époque mais elle n'avait pas ému grand-monde. D.S.

Écrit par : didier specq | 21/05/2011

@ Didier Specq :
Jack Lang, vous dîtes ? Le même qui a volé au secours de DSK ? Enorme !

Écrit par : Darth Vader | 25/05/2011

Bonjour, bel article
DSK doit se faire soigner et se retirer de la vie politique en France.
Par contre ses images avec les menottes dans le dos étaient quand même choquantes, à ce niveau là je préfère la justice francaise qui insiste sur la présomption d'innocence, avant tout jugement.
A bientôt,
JA

Écrit par : artigue | 29/05/2011

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