11/06/2011
Dépénaliser ce qui est déjà dépénalisé...
Le maire écologiste de Sevran, dans la région parisienne, veut à la fois dépénaliser le cannabis et que de l'armée intervienne dans un des quartiers de sa ville où les dealers se tirent dessus. Bon, bon...
Mine de rien, c'est tout de même un joli pavé dans la mare que Stéphane Gatignon, le maire écolo de Sevran, balance dans la mare. D'abord on apprend que, dans certains quartiers, la délinquance est si grave qu'une intervention militaire serait nécessaire. Car la police est incapable, 24 heures sur 24, de maintenir effectivement l'ordre. "On apprend" car, souvent, à gauche, à l'extrème-gauche et chez les écolos, on assure que la délinquance n'est pas si importante que ça et que cette question est gonflée afin de faire diversion en détournant les gens des vrais problèmes.
Mais passons sur cette intervention de "casques bleus", pour reprendre l'expression du maire de Sevran. "Dépénaliser le cannabis et décriminaliser les autres drogues": c'est la revendication du maire de Sevran. Nicolas Hulot, vendredi matin sur France 2, a repris exactement les mêmes termes. Cécile Duflot, à de nombreuses reprises, a expliqué que la dépénalisation du cannabis permettrait d'éliminer les dealers et le trafic puisque revendre du cannabis serait légal.
Cette proposition (qu'un ex-ministre de l'intérieur socialiste avait déjà défendu) mérite d'être discutée. Mais il faudrait d'abord la comprendre. Et, là, les incertitudes demeurent.
D'abord le cannabis, dans les faits, est déjà dépénalisé en France depuis longtemps quand il s'agit d'un simple usage. Personne n'est en prison en France pour la simple possession de cannabis en petites quantités. Personne. Des rappels à la loi, des amendes, des sanctions très légères existent encore mais vraiment à la marge. Seuls des importateurs et des dealers sont encore sanctionnés par des peines de prison. Et même pour les importateurs et les dealers, quand il s'agit de petites quantités et quand c'est la première fois, les sanctions ne mènent pas à la prison.
Les pays, comme le Portugal et les Pays-Bas, qui ont totalement légalisé le simple usage du cannabis, se trouvent face à un problème difficile: comment légaliser totalement l'usage quand on sait que, forcément, pour approvisionner les consommateurs, il faut laisser faire un trafic en marge de la légalité. Signalons que le Portugal réprime d'ailleurs toujours les usagers de drogues quand ils possèdent une quantité supérieure à dix jours de consommation. Ce qui, au final, n'est pas si différent apparemment de la dépénalisation rampante française.
La France est-elle capable, pour effectivement tuer le trafic de cannabis, d'organiser un vente légale et contrôlée dans les bureaux de tabac ou les pharmacies? C'est la vraie question. Notons d'ailleurs au passage qu'à moins de prix vraiment bas, ça n'empêcherait peut-être pas, à la marge, un trafic clandestin de cannabis comme ça existe pour les cigarettes.
Une objection sérieuse subsiste: en quoi un éventuel commerce légal et contrôlé du cannabis empêcherait-il les dealers de se consacrer au trafic des autres drogues? Ils le font d'ailleurs déjà. Il suffit d'observer la vie quotidienne d'un tribunal pour s'apercevoir que les dealers sont généralement "multi-cartes".
C'est à ce moment-là qu'on tombe sur les termes bien vagues employés par le maire de Sevran et par Nicolas Hulot: "décriminaliser les autres drogues". Pourquoi employer le terme spécifique "décriminaliser" puisque, de toutes façons, les affaires de drogues passent très, très, très rarement aux assises?
Ou alors c'est un terme vague qui vise globalement la répression des drogues dures par la justice? Est-ce que vraiment il s'agit de légaliser aussi l'usage des drogues dites dures? L'ecstasy, l'héroïne, la cocaïne, par exemple, devraient être vendues dans des pharmacies? On aimerait en savoir plus.
Didier Specq
09:08 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Le vrai problème c'est que la guerre contre les trafiquants de drogue ne fonctionne pas. Donc soit on reste comme ça, à brasser du vent, soit on essaie autre chose.
Écrit par : Paul Empois | 13/06/2011
Tout à fait. Mais si les dealers de cannabis ne peuvent plus vendre de cannabis car le commerce a été légalisé (étatisé?), ces dealers-là rejoindront les dealers de drogues dures. Donc au final, on ne change presque rien. A moins, bien entendu, qu'on prétende légaliser aussi la revente des drogues dites dures. Et là, c'est vraiment essayer autre chose.
D.S.
Écrit par : didier specq | 13/06/2011
je voudrais joindre à votre blog s'il vous plaît de toute façon ainsi continuer de partager avec nous,
Écrit par : dissertation writing | 09/07/2011
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