08/07/2012

Au chevet d'une panne

orange.jpeg


Fleur Pellerin, ministre chargée des télécoms, s'est rendue vendredi soir au PC de crise dans le 14ème arrondissement de Paris. Rien ne marchait plus à Orange dont le réseau était dans le sac. Arnaud Montebourg, son ministre de tutelle chargé du redressement productif, a opéré le même déplacement.

Bien sûr, cette double visite ministérielle ne sert strictement à rien puisque ni l'une ni l'autre des personnalités gouvernementales concernées n'a la moindre compétence pour faire repartir le réseau. Mais, comme pour une catastrophe, il faut que, devant les caméras, le duo fasse preuve d'activisme compassionnel. Cela ne sert à rien mais ça fait de belles images à la télé.

Avant même que les spécialistes soient arrivés à un diagnostic quelconque, Fleur Pellerin, dans une interview parue aujourd'hui dans le Journal du Dimanche, livre déjà la conclusion philosophique de la panne.

D'abord, avec un mouvement de menton, la déclaration suivante de la ministre: "la défaillance du réseau n'est pas une option. Le potentiel de déstabilisation pour l'économie et pour les Français est considérable". Tout ça ne mange pas de pain. Ensuite, une petite déclaration de Fleur Pellerin sur le rôle de l'Etat qui est actionnaire d'Orange: "les représentants de l'Etat au conseil d'administration peuvent avoir une influence sur la manière dont les choix d'investissements sont opérés". Et, comme d'habitude, une solution "express" avant même la conclusion d'un quelconque rapport sur la panne: "l'adoption d'un décret (est envisagée) qui permettra au gouvernement de réaliser des audits de sécurité sur les réseaux télécoms, éventuellement aux frais de l'opérateur" (ces derniers mots constituent sans doute la touche de gauche).

Et alors? Et alors, nous pensions que, dans un Etat moderne, on ne faisait pas semblant de tout savoir sur tout. Et que, par exemple, dans un domaine aussi important que les télécoms, on pouvait posséder, en France, un organisme qui s'appellerait "Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes" (ARCEP). Tout ça tombe bien puisque cet organisme existe...

Eh bien, c'est simple, on ne l'a pas entendu et, hier soir, sur son site, il n'y avait pas encore la moindre réaction de l'ARCEP à la panne d'Orange. C'est un peu comme pour la Justice: avant de raconter ceci ou cela en urgence, ça serait bien de consulter avant ceux qui sont théoriquement au courant.

Didier Specq

Les commentaires sont fermés.