22/02/2013

Pistorius: le fait-divers fait diversion?

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Le fait-divers ouvre aussi une fenêtre sur la réalité.

Qu'est-ce que l'Afrique du Sud? Un joli pays où aboutissent de nombreuses lignes aériennes à but touristique. Un pays où un héros, Nelson Mandela, est resté longtemps en prison et, de son vivant, apparaît comme une icône mondiale. Un pays où le sport a permis la réconciliation entre les Blancs et les Noirs divisés par l'apartheid. Suivent généralement des reportages sur le surf où de beaux jeunes gens officient sur les plages tandis que d'autres vont à la rencontre des requins qui ne sont pas si méchants que ça. Grosso modo, c'est l'image de l'Afrique du Sud diffusée massivement.

On parle moins de la délinquance énorme, des affrontements toujours existants, des différenciations sociales très nettes, de l'amour des armes très présentes dans les domiciles, des grèves où la police n'hésite pas à tirer sur des manifestants désarmés et à les tuer.

Arrive le fait-divers Oscar Pistorius. C'est à ce moment-là qu'on réalise à quel point le fait-divers est une fenêtre ouverte brusquement sur la réalité. Et, loin de faire diversion, le fait-divers interroge brutalement l'actualité sans se soucier des discours officiels.

D'abord, le fait-divers s'attaque à tous les discours lénifiants sur la "morale du sport": le champion, même handicapé, peut se comporter très mal. Ensuite, les armes domestiques apparaissent très présentes dans la société d'Afrique du Sud. Les charges qui pèsent sur le champion paralympique semblent suffisantes à la justice sud-africaine pour l'accuser de meurtre sur sa petite amie. Et l'on apprend dans la foulée que le chargé d'enquête est lui-même soupçonné gravement... Bref, l'Afrique du Sud, ça craint.

Certes, à de nombreuses reprises, de nombreux observateurs de la vie des médias ont pu prétendre que des faits-divers faisaient diversion en entraînant l'opinion sur un terrain favorable à tel ou tel parti politique: on cite toujours l'exemple de ce vieil homme tabassé et persécuté par les loubards de son quartier dont les images étaient passées en boucle juste avant l'élection présidentielle de 2007. Il n'empêche que le fait-divers comme le fait de justice possèdent aussi leur propre logique: sans s'inquiéter des agences de communication, la réalité la plus crue s'invite dans l'actualité ronronnante.

Didier Specq

09:21 Publié dans Justice | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Le vieux monsieur tabassé, c'était je crois en 2002 (Le Pen au 2e tour).

Écrit par : Moz | 22/02/2013

Il a tellement d'argent qu'il recrute les meilleurs avocats, ceux qui réussissent à convaincre un jury que la terre est platte et la lune est composée de fromage blanc
On voit ici la même tactique qu'à New york avec DSK. Decredibiliser l'accusation. Nafissatou Diallo, la pauvre, avait assaisonné sa demande de visa de sejour aux USA. Horreur et putrefaction, elle n'est pas credible !
Ici par contre, on est stupefait que la police ait pu garder dans ses rangs un type qui avait de sales histoires et qui plus est, a été choisi comme enquêter sur affaire

Écrit par : Odeladeule | 23/02/2013

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