27/02/2013
DSK: vie privée, vie publique...
Ainsi donc, Marcela Iacub vient de rendre un grand service à DSK.
Jusqu'ici, Dominique Strauss-Kahn enregistrait mois après mois les défaites. Depuis l'affaire du Sofitel de New-York, l'ex-directeur du FMI n'avait pas réussi à reprendre l'initiative. Certes, il s'était sorti de la prison new-yorkaise. Certes, le procureur et les juges de New-York avaient abandonné les poursuites. Certes, les énormes dommages et intérêts accordés à la femme de ménage du Sofitel laissaient imaginer à quel point, pour la victime présumée, il pouvait s'agir d'une affaire de gros sous.
Mais l'instruction menée à Lille sur le thème du "proxénétisme en bande organisée" n'avait pas laissé beaucoup de répit à DSK et, à part la liberté de parole retrouvée après un arrêt de la Cour d'Appel de Douai, l'ex-futur candidat socialiste à la présidentielle n'avait pas engrangé beaucoup de succès.
Le front judiciaire vient de s'éclaircir à Paris pour l'ex-leader socialiste. La justice, après une décision du juge des référés, vient d'imposer un encart rectificatif dans le livre, à paraître aujourd'hui, où Marcela Iacub raconte sept mois d'une liaison sulfureuse avec DSK. La juriste féministe avait entretenu avec l'ancien directeur du FMI une liaison amoureuse de janvier à août 2012. Une histoire racontée en détail par la jeune femme dans un livre intitulé "Belle et bête".
Dans la foulée, outre des dommages et intérêts, le Nouvel Observateur, qui avait publié en avant-première les bonnes feuilles du livre, devra consacrer la semaine prochaine la moitié de sa "une" à un communiqué judiciaire sur cette affaire. L'avis du juge des référés (procédure d'urgence) se résume ainsi: "Les limites de la liberté d'expression ont été dépassées et le droit à la liberté de création ne peut prévaloir sur les atteintes à la vie privée qui sont caractérisées".
Ceci dit, qu'on le veuille ou non, puisque le livre lui-même n'est pas saisi, il est bien évident que les atteintes à la vie privée de DSK, si caractérisées, perdureront. Mais, en Europe, on ne saisit plus de livres. Et la justice française, qui avait saisi deux jours après la mort de François Mitterrand le livre de son médecin qui détaillait le cancer du président, avait fini par être condamnée, pour cette saisie jugée intempestive, par les instances européennes. Le petit encart inséré dans chaque livre ne changera donc pas grand-chose.
Mais, pour DSK, le bénéfice moral est ailleurs. Pour la première fois depuis longtemps, l'ex-directeur du FMI est considéré comme une victime et Marcela Iacub semble condamnée en revanche par tout le monde. En ce sens, Marcela Iacub vient peut-être de rendre un grand service à son ex-amant: l'opinion publique -ou ce qu'il est convenu d'appeler l'opinion publique- vient peut-être de connaître un retournement décisif. Car, au fond, dans le procès lillois qui s'annonce, c'est bien d'une condamnation morale dont il s'agira pour l'essentiel. Et, si l'opinion ne suit pas, la condamnation morale ne tombera pas sur DSK.
Didier Specq
01:42 Publié dans Justice, Politique | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Bonjour, espérons que l'affaire lilloise va se terminer par un non-lieu.
Écrit par : Casimira31 | 16/03/2013
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