20/08/2013

Une rivalité ou une mise en scène?

Taubira et Valls.jpeg

Une vraie rivalité ou un vrai gros baratin...

Une nouvelle fois, un ministre de l'intérieur, apparemment, s'oppose à une ministre de la justice. Depuis les conflits entre Gaston Deferre et Robert Badinter, ce qui remonte tout de même au début des années 80, c'est une sorte de figure obligée.

Mais, aujourd'hui, cette opposition a-t-elle encore un sens ou s'agit de toujours creuser la même idée trop bien reçue?

Quand on examine la réalité vraie, on s'aperçoit souvent que les oppositions présentées comme inconciliables sont pratiques, médiatiquement parlant, mais n'ont que peu de réalité pratique.

Ainsi, la fameuse peine plancher. Cette loi votée durant l'été 2007 est présentée comme automatique: ce qui réjouit la droite. Et, comme elle serait automatique, elle choque la gauche. Et, hop, on peut rejouer la petite opposition entre Valls et Taubira, la ministre de la justice voulant supprimer cette automaticité.

En réalité, cette peine plancher n'est guère automatique. Voilà comment ça se passe, concrètement, mardi au tribunal de Lille.

Avec son air de souffrance intense accroché à la figure, Marie-France S., une Roubaisienne âgée de 50 ans, n’apparaît pas en très grande forme. « 13 ans d’alcoolisme » dit-elle. Mais c’est pour une agression sordide qu’elle se retrouve dans le box. Le 15 août, la prévenue entre dans l’immeuble d’une dame âgée de 88 ans qui habite dans le quartier de l’Alma à Roubaix. Elle sonne à la porte de l’appartement de sa future victime au quatrième étage. « J’étais ivre, je croyais être chez moi » déclare bizarrement la prévenue.

Elle enferme la dame âgée dans son domicile et menace. La prévenue s’empare de tous les bijoux de la presque nonagénaire avant de la frapper : la victime cède alors sa carte bleue et le code confidentiel. « Elle me les a donnés, je ne l’ai pas forcée » estime d’abord la prévenue. La présidente Laurence Ruyssen insiste, la Roubaisienne finit par admettre que la dame était terrorisée. Le médecin légiste détectera plus tard 5 jours d’immobilisation pour la victime !

La violente s’enfuit mais, dans le hall, un concierge soupçonneux et réactif la coince. Il l’enferme, elle et ses bijoux, dans la cave en attendant la police !

Hier, après quelques énervements, Marie-France S. se calme : « C’est très grave, elle me rappelait ma grand-mère » finit-elle par dire. Et d’ajouter : « Depuis une rupture ancienne, rien ne va plus pour moi, je suis alcoolique ».

Ceci dit, en janvier dernier, la prévenue a été condamnée pour des faits similaires. Bref, la peine plancher, de trois ans dans ce cas, devrait s’appliquer.

Cependant, malgré la gravité des faits, la procureure Marie Papart ne la réclame pas. Quant à l’octogénaire, elle est absente à l’audience… Compte-tenu d’une réinsertion possible, la procureure ne requiert que 8 mois de prison.

En défense, Me Anne-Caroline Chiche se bat contre l’éventualité d’un mandat de dépôt : « La prévenue, ce jour-là, elle avait été sur la tombe de son père au cimetière et avait bu en compagnie de copines ». Pas de peine plancher et la récidiviste écope au final d’un an de prison mais sans mandat de dépôt…

Didier Specq

Les commentaires sont fermés.