20/12/2014

Béziers garde sa crèche pour ce Noël...

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Ce qu'il y a de bien avec la Justice, c'est que, généralement, on peut toujours espérer un contre-ordre.

Vendée, voici quelques semaines: une crèche dans les locaux du Conseil Général de Vendée est interdite par la justice administrative afin de respecter la laïcité et la neutralité des locaux administratifs. Hier, le problème se pose selon à peu près selon la même logique devant le tribunal des référés.

Rappelons que le juge des référés est le juge de l'urgence et de l'évidence: urgence parce qu'une mesure qui contrevient manifestement à la loi doit être interdite, évidence parce que la loi aurait été violée de façon incontestable. Autrement dit, le juge des référés ne juge pas sur le fond: rien n'empêche de continuer la procédure au delà de l'urgence et de l'évidence.

Le tribunal administratif de Montpellier, saisi en référé d'une demande de retrait d'urgence de la crèche installée dans le hall de la mairie de Béziers, s'est prononcé hier vendredi 19 décembre. C'est la Ligue des Droits de l'Homme qui cherchait, d'urgence, à interdire la crèche de Noël installé par le maire de Béziers, Robert Ménard, très proche du Front National.

Concrètement, cette crèche, ce sont quelques personnages mesurant quelques dizaines de centimètres de haut, installés sur une paire de tréteaux et protégés par une glace. Rien de grandiose. Le genre de crèche conçue surtout pour émerveiller les enfants.

La juge Marianne Hardy, pour sa décision d'urgence, a tout de même rédigé quatre pages bien tassées. La magistrate ne suit en rien l'opinion de Me Sophie Mazas, qui intervenait pour la Ligue des Droits de l'Homme. L'avocate estimait que la crèche racontait "la naissance du Christ" et se trouvait donc "au coeur de la religion chrétienne" et que "le maire de Béziers impose ses conceptions religieuses".

La présidente Marianne Hardy estime an contraire qu'elle n'a pas vu de "circonstances particulières" ou de "troubles à l'ordre public" qui exigeraient de supprimer illico la fameuse crèche. La preuve évidente "de l'atteinte aux principes de la laïcité et de la République n'a pas été apportée à l'audience" estime la magistrate. Bref, la requête de la Ligue des Droits de l'Homme est rejetée et le maire de Béziers peut garder sa crèche pendant les fêtes de fin d'année.

Comme le délai avant jugement d'une procédure sur le fond au tribunal administratif atteint généralement une année, il y a gros à parier que la crèche sera toujours là l'année prochaine. Les santons de Provence peuvent dormir tranquillement et la Ligue des Droits de l'Homme a le temps de trouver d'autres combats en attendant le jugement sur le fond.

Didier Specq



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