02/02/2015

Mais qui est à l'origine des "écoutes administratives"?

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Une concurrence politique en toile de fond d'un procès hors normes.

Lorsque l'enquête officielle de la police judiciaire de Lille commence, le 2 février 2011, le premier acte de procédure parle de renseignements concordants qui parviennent à l'oreille de la police lilloise: une prostitution mondaine se déroulerait autour de deux hôtels lillois. Il s'agit du Carlton et de l'hôtel des Tours, les deux situés en centre ville et les deux appartenant à la même société.

Tout ça tombe miraculeusement bien puisque, justement, un groupe spécialisé de lutte contre le proxénétisme vient de se constituer à la police judiciaire alors que, jusque là, c'est plutôt le "service des moeurs" de la sûreté urbaine qui s'occupait de telles affaires à Lille.

On remarquera aussi que, lorsqu'il s'agira de mener les investigations policières, trois juges d'instruction chevronnés vont être nommés pour suivre cette affaire. Or, jamais, jamais, à Lille, les dossiers les plus compliqués n'ont été dotés de trois juges d'instruction. Il y a eu à Lille l'affaire Festina, des dossiers de tueurs en série, d'énormes affaires de stupéfiants, des dossiers politico-financiers très complexes. Mais, jamais, trois juges d'instruction en même temps. Tout ça tombe bien encore puisque, justement, en octobre 2011, on va découvrir que Dominique Strauss-Kahn se trouve dans le collimateur.

Hier, les avocats de la défense passaient à l'offensive justement sur ce thème. Pourquoi? C'est un livre qui a mis le feu aux poudres: Joël Specque, ancien responsable policier lillois aujourd'hui à la retraite, a écrit ses souvenirs et, dans son livre, le grand policier raconte les débuts de l'affaire du Carlton. Des "écoutes administratives", dit-il, avaient été opérées concernant René Kojfer, le chargé des relations publiques du Carlton, et ses amis trempant plus ou moins dans la prostitution et le proxénétisme. Les termes de Joël Specque sont nets: avant toute enquête policière et judiciaire, il y a bien eu une enquête administrative dont on ne ne sait, dont on ne connaît pas le contenu, dont on ne sait rien des résultats.

Qu'est-ce qu'une "enquête administrative? Rien de moins que des investigations menées par la Direction Centrale des Renseignements Intérieurs. Autrement dit, le contre-espionnage qui s'occupe des dangers qui menacent la France, sa politique, son indépendance, son économie. Qui autorise ces enquêtes? Le premier ministre, autrement dit François Fillon.

Me Bluche, l'avocat du policier Jean-Christophe Lagarde, monte à l'assaut: "On voit mal comment une affaire de proxénétisme mondain peut intéresser la défense du territoire". Me Dupond-Moretti tonne: "On nous cache une partie de l'enquête, ce n'est plus un procès équitable". D'autres parlent de "faux" puisque, d'une certaine façon, les premières pages de la procédure feraient semblant d'ignorer cette enquête administrative. Le défenseur de Dodo la Saumure fait état de discussions, entre policiers belges, à propos de ces écoutes administratives françaises.

Le procureur Frédéric Fèvre, mis en cause sans délicatesse excessive, fait front: "Ce n'est pas un mystère, dans la procédure, certains des protagonistes font allusion à cette enquête". Bref, rien de nouveau sous le soleil selon le procureur et on ne peut plus soulever une nullité de procédure: c'est trop tard, il ne faut pas faire semblant de découvrir cet élément dans le livre de Joëlle Specque.

Au final, après délibérations, le président Lemaire choisit de "joindre l'incident au fond", autrement dit on discutera plus tard de ce curieux élément. Dominique Strauss-Kahn, visiblement fatigué hier, a tout de même pu constater que, derrière cette affaire de moeurs hyper-médiatisée, il y a bien de troublantes enquêtes. N'oublions pas que, si l'affaire du Sofitel de New-York, n'avait pas éclaté le 14 mai 2011, l'histoire lilloise, cheminant depuis février 2011 au bas mot, aurait mis en cause DSK en octobre 2011: en pleines primaires du PS, le candidat "naturel" de la gauche aurait été flambé.

Soyons clairs: selon toute vraisemblance, le pouvoir savait bien avant la mise en cause de DSK à Lille en octobre 2011 que le probable candidat de la gauche risquait d'avoir de sérieux ennuis.

Didier Specq

Commentaires

Je ne suis pas un disciple de Monsieur Strauss-Kahn, mais je pense que les Français ont ratés une occasion unique de présidentialisé celui-ci vu ses capacités Économistes, aussi son charisme d'homme d'Etat, qui contraire aux bine-blingues de Sarko, aussi la mouleuse de Hollande coroner de coureur de jupons.
Enfin soyons pas hypocrites mais pragmatique de la sexualité de DSK le faite si on gratte un peu sur n'importe le quel homme politique, de ce faite personne n'est blanc ou peut être pire!
Fauter lui la Paix à ce Monsieur, je pense qu'on la assis humilier!

Écrit par : Juba | 04/02/2015

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