02/12/2010

Encore les jurés populaires

andre vallini.jpg Ce qu'il y a de bien avec la justice, c'est que, souvent, les débats judiciaires prennent à contre-pied les vieilles certitudes. Ainsi, la question de la présence de jurés populaires dans les chambres correctionnelles. Nicolas Sarkozy et Michel Mercier, le nouveau ministre de la justice, proposent cette présence. La gauche et les professionnels de la justice sont plutôt contre. Or, André Vallini, responsable PS, est pour. Voici pourquoi.


André Vallini, ce n'est pas n'importe qui. L'homme est député socialiste de l'Isère et l'opinion l'a connu surtout à travers la présidence, qu'il a assurée avec brio, de la commission d'enquête parlementaire sur la calamiteuse affaire d'Outreau.

Les jurés ne seraient pas capables d'être les égaux des magistrats professionnels lors des délibérations? André Vallini répond: "Ignorant le droit et la procédure, le juré est en revanche capable de procéder d'égal à égal avec les magistrats à l'examen des faits et des hommes: l'accusé ment-il? Est-il plausible, compte tenu des indices réunis, qu'il soit coupable du fait reproché. Quelles sont les raisons de son passage à l'acte? Peut-il bénéficier de circonstances atténuantes?"

De même André Vallini ne pense pas que les jurés populaires seraient forcément plus sévères que les magistrats présumés laxistes: "L'histoire montre en effet les contournements réguliers dont le jury populaire a été l'objet (aux assises), de la part des gouvernants dans des domaines où ils souhaitaient une répression accrue". Allusion sans doute aux affaires de terrorisme ou à l'examen du dossier de l'assassinat du préfet Erignac à Bastia. Dans ces cas, on avait réuni en effet une cour d'assises spéciale, sans jurés.

Les multiples arguments du responsable socialiste, dans une tribune parue dans le journal "Libération", s'achèvent par cette conclusion bien sentie: "A l'instar du jury criminel qui a passé l'épreuve du temps, le jury correctionnel permettrait une ouverture du monde judiciaire sur la société en mettant au coeur de l'oeuvre de justice le peuple au nom duquel elle est rendue". Et toc!

Didier Specq

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