05/01/2011

Encore les jurés populaires

1163672_sarkook.jpgNicolas Sarkozy, lors de ses voeux à la population française, a reparlé des jurés populaires en correctionnelle. Un joli piège pour la gauche.


La justice étant rendu au nom du Peuple Français, l'idée de la présence de jurés populaires dans les tribunaux correctionnels n'a rien d'étonnant. C'était d'ailleurs la règle lors de la Révolution Française. Et c'est la fin de la démocratie républicaine, avec l'arrivée de Napoléon, qui va permettre l'abolition de la présence des jurés populaires pour juger les délits.

Qu'on l'appelle l'échevinage, comme on le disait encore souvent dans les années 70 du siècle dernier, qu'on imagine des juges élus ou qu'on cherche un bon système pour désigner des jurés qui pourraient entourer le juge professionnel, peu importe au fond. L'essentiel est ailleurs: une justice indépendante doit pouvoir s'appuyer réellement sur le peuple.

Ne soyons pas naïfs: c'est une réforme tout à fait envisageable mais c'est aussi une excellente opération du candidat Nicolas Sarkozy.

D'abord, les professionnels de la profession, comme dirait Jean-Luc Godard, vont sans doute faire la fine bouche. Difficile pour des magistrats ou des avocats d'admettre qu'un regard populaire puisse leur apporter quelque chose puisque tous, bien entendu, sont d'excellents professionnels. Excellente opération donc pour Nicolas Sarkozy qui pourra sous-entendre qu'un certain corporatisme freine son désir de réformer.

Du côté de la gauche et des gens qui règnent grâce à des diplômes obtenus dans leur jeunesse, la tentation va être grande d'être "contre". Car, bien entendu, l'idée peut sembler saugrenue que des personnes modestes puissent s'occuper des histoires des personnes modestes. La délinquance (prévenus ou victimes) concernent en effet à 95% des personnes très modestes.

Il y a gros à parier que le terme "populisme" va sortir puisqu'il sert à toutes les sauces, notamment pour bloquer les questions qui gênent. Là-aussi, c'est tout bénéf pour Nicolas Sarkozy qui entend démontrer que ses adversaires, eux, ne sont pas populaires.

Didier Specq

Commentaires

Et si la gauche refermait le piège sur son auteur ? Il suffirait de dire "chiche, allez, on te laisse faire, on te regarde organiser tout ça !" Entre l'idée et sa concrétisation, il y a deux ou trois points de détail à régler. A moyens égaux, ça me semble irréaliste. Sans parler de l'allongement des audiences : il faut du temps pour exposer une affaire à des jurés, alors que les magistrats ont intégré certains automatismes. Ce n'est pas par hasard que les affaires d'assises sont examinées sur plusieurs jours.
Bref, je pense que le citoyen "libre et égal" à tout à y gagner. Alors, chiche, Nicolas Sarkozy, on met tout ça en place !

Écrit par : Darth Vader | 05/01/2011

Le scénario que vous proposez est effectivement séduisant. On verra ce qui se passera réellement...

Didier Specq

Écrit par : didier specq | 06/01/2011

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