20/01/2011
Une brique de bêtise
Il existe à Lille un petit journal anarchisant, ou se présentant plus ou moins comme tel. Dans son dernier numéro, il s'en prend à un journaliste de la Voix du Nord et le taxe de racisme. Affligeant.
Dès la première ligne sous le titre qui désigne le chroniqueur judiciaire lillois de la Voix du Nord, le ton est donné: le journaliste en question conjuguerait "humour douteux et racisme ordinaire".
Humour douteux? Bien sûr, ce qui fait rire les uns ne fait pas obligatoirement rire les autres. Par exemple, la Brique publie un caricature du chroniqueur judiciaire de la Voix du Nord en lui plantant un couteau suisse dans le ventre. Pas très drôle car les chroniqueurs judiciaires, parce qu'ils racontent des affaires douloureuses et qu'ils parlent de personnes qui ne sont pas toujours des anges, sont souvent menacés. Mais passons...
Racisme ordinaire? Là, c'est difficile de passer sur une telle accusation. Le racisme, ne l'oublions pas, est un délit. On attend donc avec intérêt la démonstration du journaliste de la Brique qui emploie courageusement un pseudonyme. Or, le signataire clandestin de l'article se borne à citer quelques articles (sur des milliers publiés) où la nationalité et/ou l'origine géographique des délinquants sont indiqués. A chaque fois, cette origine avait un rapport avec l'infraction racontée.
Si un système d'arnaque aux cartes bleues vient d'un groupe de délinquants de tel pays, que les cartes falsifiées y sont fabriquées et que les marchandises acquises frauduleusement y sont rapatriées, il ne faut pas l'indiquer? Alors que l'arnaque est bâtie à l'étranger pour tenter de se mettre à l'abri de la répression des autorités françaises?
D'ailleurs, dans certaines infractions, la loi estime à juste titre qu'une circonstance aggravante peut être relevée quand une partie du délit se situe à l'étranger. Ainsi, par exemple, le proxénète qui exploite une prostituée étrangère peut être condamné plus durement. On comprend bien pourquoi: étrangère, parlant mal la langue française, esseulée en France, sa famille subissant peut-être des pressions qu'on ne peut réprimer dans sa ville étrangère d'origine, la prostituée victime est plus fragile.
Ce genre de nuances échappe à la Brique. Ce qui ne serait pas grave si cela ne servait pas à mettre au pilori un journaliste. En attendant, que notre confrère de la Voix soit assuré de notre affectueuse solidarité.
Didier Specq
00:59 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Le contenu de l'article de la Brique, connaissant trés bien celui qui est attaqué, est dépourvu de tout bon sens et ne semble avoir pour objectif que de jeter un discrédit raciste sur les propos employés par ce journaliste.
Ce n'est pas parce que l'on se dit "anar" que l'on peut accuser les autres de racistes dès qu'il "ose" écrire sur l'origine des prévenus, leur nationalité, leur pays d'origine....ça fait partie de l'exercice journalistique.
Devrait-on se plaindre des expressions "mafia italienne", "réseau de passeurs irakiens", "proxènete belge", "prostituées noire-africaines".......?
La réponse est bien évidemment non, et ce d'autant plus que pour un certain nombre d'infraction, comme il est d'ailleurs relevé dans l'article, l'élément d'extranéité est une circonstance de caractérisation de l'infraction, ou une circonstance aggravante.
Pour lire quotidiennement les chroniques de celui qui est attaqué, je ne puis que m'insurger contre les propos de La Brique, qui d'une part ne correspondent pas à la réalité, et d'autre part, porte gravement atteinte à l'honorabilité du journaliste de la VDN auquel j'apporte un soutien sans faille.
Nicopat
Écrit par : Nicopat | 20/01/2011
Tout à fait d'accord, la brique est un journal qui s'essaie à la critique journalistique en bafouant toutes les règles et la déontologie qui régissent ce métier. C'est eux qui sont condamnabmes, cachés derrière le pseudo sans vouloir assumer leurs propos. Bravo la brique !
Écrit par : Deliro5 | 20/01/2011
Moi, j'ai bien un journaliste qui m'a accusé de racisme et d'incitation à la haine raciale pour avoir employé le terme Analphabètes en parlant des roms!!!!!!!!!
Écrit par : joye | 21/01/2011
Justement Joye, vous commettez une erreur.
On ne peut pas traiter toute une communauté (les roms par exemple) d'analphabètes.
En revanche, rien n'empêche de donner une origine quand par exemple l'infraction est reliée à cette origine.
Le "khat" par exemple (une plante hallucinogène souvent utilisée en Afrique de l'est et interdite en France) se retrouve souvent sur des passeurs de stups originaires de cette partie de l'Afrique. Ce qui ne veut pas dire que LES gens originaires de l'Afrique de l'est sont par définition des passeurs de "khat".
Écrit par : didier specq | 21/01/2011
Vous prenez des risques, cher Didier Specq, de voir débarquer sur votre blog quelques auteurs ou amis de la Brique. Leur conversation n'est pas toujours agréable. M'enfin, cela vous offira peut-être votre propre heure de gloire dans ce périodique qui, effectivement, donne beaucoup de leçons aux journalistes des médias traditionnels sans se les appliquer à eux-même.
Écrit par : Darth Vader | 31/01/2011
Cher Darth Vador, il n'y aurait donc que des journalistes qui puissent critiquer des journalistes? Et donc que des scientifiques à même de critiquer des scientifiques... Je partage une partie de votre remarque, mais attention à ne pas tomber dans la République des spécialistes et des technocrates.
Écrit par : edgarbitume | 05/02/2011
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