23/01/2011

On peut toujours dessiner (bis)

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On se souvient que, lors d'un procès d'assises concernant des présumés activistes de l'ETA, le président, sur la demande d'un des accusés, n'avait pas hésité à interdire au dessinateur de l'A.F.P. de croquer les personnes présentes dans le box. Nouvelle tentative à Paris d'empêcher le dessin.


Inutile de dire que cette décision avait suscité une levée de boucliers. Elle n'avait guère de chances d'ailleurs de faire jurisprudence (voir une des notes précédentes). Ce sont les appareils enregistreurs qui sont interdits dans une salle d'audience pas les carnets où les journalistes (ou les citoyens d'ailleurs) prennent librement des notes ou des croquis. Tout ça, en bref, ce sont des principes démocratiques de base: la justice débattue publiquement et la liberté d'expression.

Après le présumé membre de l'ETA, Pierre Falcone, le principal prévenu dans l'affaire de ventes contestées d'arme à l'Angola, vient de tenter le même coup lors de son procès en appel à Paris.

Le 20 janvier dernier, l'homme d'affaires incarcéré a aperçu sur les bancs de la presse un dessinateur, Benoît Perucq, qui travaillait sur son petit carnet. Invoquant son droit à l'image, Pierre Falcone a exigé du président que le dessinateur cesse de le croquer. Le président a failli accepter puis s'est repris: les dessinateurs ne peuvent être confondus avec les photographes et les caméramen. Finalement, le président s'est borné à faire part du souhait de Pierre Falcone de ne pas être dessiné avec le gendarme qui l'accompagnait.

En tous cas, une chose est sûre: les présumés manipulateurs d'armes de guerre sont des gens très pudiques.

Didier Specq

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