Péripéties judiciaires

On connaît le raisonnement: la justice est rendue au nom du peuple français, il existe déjà des "magistrats" non professionnels dans les cours d'assises (et les tribunaux pour enfants, de sécurité sociale, des baux ruraux, de commerce, des prud'hommes), on ne voit donc pas pourquoi on ne pourrait pas introduire des jurés populaires là où l'on juge des délits.

Réaction des organisations syndicales de magistrats: "Pas possible! On ne nous fait pas confiance!". Même réaction grosso modo chez les avocats. A gauche, on répond d'abord que c'est du "populisme" au risque de laisser sous-entendre que, décidément, on n'aime pas le peuple. Ensuite, on affine un peu: "C'est à la rigueur une bonne idée mais ce n'est pas possible".

Pourtant, à gauche, certains responsables sont favorables à l'arrivée de ces jurés. André Vallini, par exemple, est député socialiste de l'Isère, spécialiste des questions de justice et fut le président de la commission parlementaire d'enquête sur l'affaire d'Outreau. On pourrait l'écouter un peu quand il dit que ces jurés ne seraient pas obligatoirement plus répressifs, que c'est possible, qu'ils seraient peut-être plus durs là où on ne les attend pas (les délits financiers), que la justice doit s'ouvrir à la population, etc...

Mais, non, au lieu de répondre "chiche!", la gauche répond "non!". Résultat des courses: mission (presque) accomplie pour Nicolas Sarkozy qui va réussir à démontrer qu'il est proche du peuple et que ceux qui s'en réclament en sont en réalité très éloignés.

Didier Specq