05/02/2011
la semaine de tous les dangers
Après l'affaire du Pornic et la mise en cause des magistrats, Nicolas Sarkozy a peut-être été trop loin. Certes, des mouvements de protestation des juges sont prévus partout. Mais, surtout, deux syndicats de policiers se désolidarisent.
La semaine va être très agitée dans les tribunaux de la région Nord-Pas-de-Calais. Les magistrats n'ont pas le droit de faire grève mais les assemblées générales, les audiences désertées car tous les dossiers ont été reportés, les distributions de tracts et les rassemblements seront nombreux. Routine?
Certainement pas car le suspect de l'affaire du Pornic n'est qu'un délinquant "ordinaire" comme il existe, hélas, des dizaines de milliers. Un récidiviste qui est sous le coup d'un sursis avec mise à l'épreuve. Un jeune homme déjà condamné 13 fois (dont une fois pour viol) et mis en cause dans une série d'affaires en cours mais pas prioritaires. Avec 700 autres dossiers du tribunal du Nantes, il ne faisait pas partie des cas suivis prioritairement car il existait des milliers de cas jugés plus graves...
Bien sûr, ceux qui prédisent le passé ont raison: il fallait suivre ce jeune homme. Mais, c'est un peu facile.
Avant le meurtre de Laetitia, les 700 autres auraient dû être suivis aussi et rien n'empêchait après tout les personnes concrètes derrière les milliers d'autres dossiers prioritaires de récidiver aussi malgré un suivi plus strict. Et c'est un reproche qui, après coup, peut être adressé à toute la chaîne pénale: des magistrats aux policiers...
Rappelons qu'un juge d'application des peines, par exemple, peut très bien avoir un millier de dossiers à suivre. Et, quand il n'arrive pas à remettre la main sur un de ses clients, il s'adresse à la police qui peut, elle-aussi, avoir d'autres chats à fouetter en urgence.
On comprend mieux alors pourquoi les syndicats SNOP et Unité-SGP-FO (respectivement majoritaire chez les officiers de police et premier syndicat des gardiens de la paix) se désolidarisent des propos du président de la République et protestent eux-aussi.
Nicolas Sarkozy a déclaré:
Didier Specq
10:43 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
La phrase de Nicolas Sarkozy qui a sauté à la fin de la note, c'est: "les dysfonctionnements graves des services de la police et de la justice, qui ont permis la remise en liberté du principal suspect du meurtre de la jeune Laetitia à Pornic, seront sanctionnés".
Didier Specq
Écrit par : didier specq | 05/02/2011
L'ex premier flic de France se prend, une nouvelle fois, les pieds dans le tapis et se met les keufs à dos alors qu'il pensait, une nouvelle fois, joué son refrain du "les fonctionnaires de police sont des héros, les magistrats des laxistes". Seulement voilà, les képis et les robes se mettent à danser en rythme... On remarquera tout de même qu'Alliance, qui depuis les dernières élections pro a beaucoup de mal à se présenter comme majoritaire...
Mais le pire, c'est qu'étant donnée la charge émotionnelle de ce fait divers, il risque une nouvelle fois, en brouillant le sens et en sautant par dessus la séparation des pouvoirs, de rallier une part de l'opinion...
Écrit par : edgarbitume | 05/02/2011
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