11/02/2011

retournement de situation

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Habituellement, le président de la République surfe allégrement sur les faits divers pour faire passer sa politique. Là, on assiste à un retournement de situation. Reste à savoir jusqu'où pourront aller les magistrats.


L'assassinat de la jeune Laetitia au Pornic a fourni l'occasion de remettre en cause les juges. Laxisme, fautes, dysfonctionnements... Toutefois, en direct, on a assisté à un retournement de situation: l'opinion a compris que le meurtrier ressemblait, avant le meurtre, à l'un de ces milliers de délinquants multi-condamnés incapables de sortir d'une spirale qui les conduit alternativement de la prison, à la misère, aux foyers, à la vie sous les ponts, aux formations en impasse, puis à nouveau à la prison. Un gibier de comparution immédiate.

Et, pour réellement suivre ce genre de délinquants, il n'y a guère de moyens et, de toutes façons, même en supposant que tout fonctionne relativement bien, c'est très difficile. A tel point que le futur assassin n'était même pas jugé prioritaire: au tribunal de Nantes, il existait des milliers de dossiers d'individus présumés plus dangereux; le suspect faisait partie des 800 cas les moins graves et donc non prioritaires dans une gestion de pénurie...

Visiblement, si l'on en croit les sondages, Nicolas Sarkozy s'est pris les pieds dans le tapis. Ceci étant dit, les magistrats vont devoir tenter d'apporter des réponses. Et, là, c'est complexe et difficile.

N'en déplaise à la plupart des "professionnels de la profession", les magistrats seraient dans une position plus forte si, juste avant l'affaire Laetitia, ils avaient dit: "Les jurés populaires, chiche, pourquoi pas? Qu'ils viennent voir avec nous dans les chambres correctionnelles comment ça se passe, comment on juge et quelles sont nos possibilités d'action!"

Didier Specq

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