14/03/2011
discrimination républicaine
La république (médiatique), contrairement au tableau allégorique de Daumier, se demande si elle doit nourrir tous ses enfants. Dernier exemple: Marine Le Pen qui n'est plus, finalement, invité à débattre sur Radio J. Problèmes...
L'histoire est simple. Radio J. se trouve une radio parisienne très orientée vers la communauté juive. Marine Le Pen a déclaré dans le Point que la Shoah était le "summum de la barbarie". La responsable du Front National est donc invitée dans la foulée sur Radio J.
Frédéric Haziza, journaliste politique, explique dans le Journal du Dimanche pourquoi elle ne viendra pas, ce que le journaliste regrette. En un mot comme en cent, les pressions de personnalités et d'organisations influentes de la communauté juive ont été telles que l'invitation a été retirée. "Je regrette que l'on perde peu à peu la culture du débat inhérente aux valeurs du judaïsme" explique le journaliste.
Bien sûr, cette attitude vis à vis de Marine Le Pen n'est pas spécifique à Radio J. Nathalie Kosciusko-Morizet estime, en parlant du Front National, qu'on "s'adresse à tous les électeurs parce que tous les électeurs sont français, en revanche on ne s'adresse pas à tous les partis parce que tous les partis ne sont pas pas républicains".
La République n'aurait donc pas à nourrir, politiquement ou médiatiquement, tous ses enfants comme le signifie le tableau de Daumier.
C'est un raisonnement tout de même assez curieux. Qui va donner ce brevet de républicanisme? La question devrait se poser par exemple vers l'extrème-gauche trotskyste qui, bien que participant aux élections, ne cache pas avoir comme perspective ultime un autre système politique. Les euro-sceptiques pourraient instruire ce procès d'anti-républicanisme lorsqu'ils constatent les abandons de souveraineté opérés au profit de l'Europe. Des abandons qui auraient fait hurler de nombreuses organisations politiques voici une trentaine d'années. Bref, tous peuvent instruire ce procès contre tous.
Frédéric Haziza a sans doute répondu à cette question. Ce qui compte d'abord, c'est la culture du débat. Et cette culture est justement au coeur de la République. Il est tout de même gênant que la lutte contre discrimination, de plus en plus présente dans l'arsenal juridique, sorte par la porte et rentre illico par la fenêtre.
Didier Specq
08:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
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