Péripéties judiciaires

Jeudi, une bonne cinquantaine de personnes assez énervées. Tout ce monde attend au Palais devant le couloir des juges de la liberté et de la détention. Apparemment, une histoire de multiples cambriolages du côté de Marquette où des gardés à vue se retrouvent mis en examen. Des prolongations contestées aussi de détention provisoire dans un autre dossier. Bref, cinquante jeunes gens, amis sans doute des mis en examen, qui patientent et s'impatientent.

Visiblement, dans le groupe, existent des rivalités et des tensions. Brusquement, une jeune fille dans la salle des pas perdus attaque une autre jeune fille et lui lance de sérieux coups au visage. Hurlements. Elles se font mettre dehors par le service d'ordre. Sur le perron du Palais, rebelote: les deux furies s'affrontent à nouveau. Des coups, des blessures...

Un peu plus tard, des jeunes énervés sont expulsés aussi et râlent. Bousculades, quelques injures. Apparemment bien moins graves que les deux jeunes filles qui se cognent. Les chroniqueurs judiciaires laissent glisser: ce genre d'affrontements vite réglés, c'est chose banale au Palais de Justice.

Le lendemain, petit fait-divers est devenu grand: des interpellations ont été effectuées parmi les garçons, il y a cinq gardes à vue au commissariat. Brusquement, c'est grave. L'histoire des filles, apparemment plus sérieuse et pourtant connexe, n'a paradoxalement pas retenu l'attention. Certains annoncent même des comparutions immédiates.

Après le week-end, lundi, les comparutions immédiates se sont évaporées comme neige au soleil. Le fait-divers est redevenu tout petit: 3 personnes ont été remises en liberté sans autre forme de procès, 2 autres (un mineur et un majeur) sont convoqués pour dans quelques mois devant la justice. Vie et mort en direct d'un fait-divers...

Didier Specq