03/05/2011

Deux ans pour l'étrange voyeur

images.jpegL., aujourd'hui âgé de 53 ans, fut dans une vie antérieure un des responsables lillois d'un important établissement financier. Lundi soir, il écope de deux années de prison avec mandat de dépôt pour une étrange addiction.


Tout commence en 2003 quand L. se fait prendre régulièrement à photographier les jeunes femmes dans les toilettes.

Le scénario est toujours le même: L. entre dans les toilettes des femmes et, en passant la tête au dessus de la cloison qui ne va pas jusqu'au plafond, observe et prend des photos. Le cadrage de la photo est immuable: L. photographie exclusivement la partie charnue qui prolonge le bas des reins des jeunes filles assises sur la cuvette des toilettes. Il finit par se faire prendre parce que le déclenchement de l'obturateur est bruyant (à l'époque sur les appareils argentiques), donne l'alerte et que le photographe n'a pas toujours le temps de prendre la fuite.

A partir de 2005, ce sont des peines de prison ferme qui commencent à tomber et L. perd ses boulots. On le verra, avec des appareils numériques puis avec des portables, prendre des photos dans les facultés catholiques de Lille, dans les facs de Villeneuve d'Ascq, lors d'un congrès au Zénith, etc. A chaque fois, à part la dernière femme qui donne l'alerte, il est impossible d'identifier les victimes puisqu'on ne dispose pas des photos de leur physionomie. Mais on trouve beaucoup de clichés dans les mémoires des appareils photos ou de l'ordinateur du prévenu.

Autre difficulté: poursuivre L. d'accord, mais de quoi? Agression sexuelle? Le justice hésitera et poursuivra finalement pour des violences sans ITT.

Ainsi, hier, pour la neuvième fois, on jugeait L. pour une "agression" dans une station-service autoroutière à Phalempin sur l'autoroute A 1. C'est une touriste allemande qui donne l'alerte, sort à toute allure des toilettes et poursuit le photographe qui s'enfuit en voiture. La plaque minéralogique est relevée et, communiquée à la police, va permettre l'arrestation du photographe. Trois photos d'inconnues figurent dans la mémoire de son appareil photo et d'autres photos sont visibles dans l'ordinateur de L. La jeune Allemande est venue lundi de Dusseldorf pour expliquer que ce n'était pas si grave que ça et qu'elle estimait que le prévenu est d'abord un malade mental.

D'une certaine façon, L. a effectivement l'air fou au sens juridique du terme: il regrette, il a tout perdu pour un "bénéfice" ridicule, il se retrouve en prison pour toujours exactement la même chose, il cherche à se soigner mais il recommence. Mais la logique de la pulsion, à laquelle le prévenu ne peut résister, n'a pas été retenue. C'est la logique de la récidive qui règne: deux ans ferme en comparution immédiate, soit bien plus que certains agresseurs.

Didier Specq

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