13/05/2011

la bataille des commissariats

11130598.jpgRévolution dans les gardes à vue. La mise en oeuvre immédiate, dès le 15 avril, des exigences conventionnelles européennes a entraîné de sérieuses turbulences dans les commissariats et les gendarmeries. Où en est-on?


La justice, si l'on ne se laisse pas impressionner par le décorum, est un mouvement. On peut le vérifier aujourd'hui. Les avocats, qui réclamèrent durant des années leur présence effective durant les interrogatoires des gardés à vue, assument autant que possible ces heures de présence accrue. Ceux parmi les avocats qui, en France, voulaient faire la grève des gardes à vue new look sont restés isolés tant ce mouvement de repli apparaissait contre-productif.

Il n'en reste pas moins que, selon certains chiffres concernant la région parisienne, dans un cas sur trois, les avocats ne seraient pas venus. Difficile à vérifier après quelques semaines de mise en place des nouvelles gardes à vue. Ceci dit, il est sûr que l'aide légale aura du mal à suivre tant les besoins ont été multipliés.

Contrairement à de nombreuses prédictions, policiers et gendarmes ont en général bien accueilli l'arrivée brusque des avocats alors qu'il s'agit d'une révolution culturelle difficile à assurer dans l'urgence.

D'autres chiffres, toujours parcellaires et toujours difficilement vérifiables, font état d'une baisse significative du nombre des gardes à vue. Moitié moins selon certains. Là encore, dans la passionnante période actuelle, les conclusions sont difficiles à tirer. S'agit-il d'une simple baisse? Ou les enquêtes vont-elles subir une modification vers plus de police scientifique?

Les avocats contestent toujours l'impossibilité pour eux de consulter le dossier des enquêteurs. Les batailles de procédure vont donc continuer au moins sur ce point. Il n'empêche que, d'ores et déjà, ce qui était encore impensable voici quelque temps s'est produit: la garde à vue à l'ancienne est morte et enterrée.

Didier Specq

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