24/05/2011
La petite caméra dans la salle d'audience
Une bonne partie de la presse a protesté vivement, la semaine dernière, sur ces images de DSK menotté. Interdit en France, dit-on. Certes. Mais la loi sur les menottes interdit aussi les photos laissant apparaître que les photographiés sont en détention provisoire.
Lundi à Lille, dans la chambre des comparutions immédiates présidée par Nourith Reliquet, une caméra (il s'agit d'une émission destinée au service public) filmait une partie des audiences. Félicitons au passage le journaliste en question qui, contrairement à ses confrères en visite, est bien resté jusqu'à la fin des comparutions immédiates à 22 h 30.
La présence de cette caméra est pourtant étonnante puisque la loi interdit de filmer à l'intérieur d'un palais de justice et encore plus à l'intérieur des salles d'audience. Une autre loi, celle sur les menottes, interdit par ailleurs de filmer des gens placés en détention provisoire. Les meutes de photographes, qui guettent en France les mis en examen à la sortie du tribunal pour les photographier à travers les vitres d'un fourgon de police, sont donc dans l'illégalité.
Or, pour en revenir à la petite caméra de lundi, non seulement on filme dans les salles d'audience mais, en plus, on prend des images de gens dans le box des prévenus, donc des gens qui ne sont pas encore condamnés mais qui ne sont déjà plus libres (au sortir de la garde à vue ou en détention provisoire).
Evidemment, les magistrats et les prévenus filmés avaient donné leur autorisation. Et d'ailleurs, certains avaient refusé. Mais, quand on va être jugé, donne-t-on un consentement éclairé, pour reprendre les termes juridiques?
Que pense ce concubin violent qui explique toute sa vie intime devant une caméra alors qu'il sait qu'il va probablement rejoindre la prison? Que penser de ce jeune Roumain voleur de cuivres qui ne maîtrise ni la langue française ni les usages judiciaires français? Que comprendre de ce Roubaisien qui est mis en cause depuis plusieurs années pour une conduite automobile dangereuse et qui veut mettre en cause en même temps les conditions de son interpellation musclée? Que dire aussi de cette avocate qui n'était pas au courant que son client et sa plaidoirie allaient être filmés?
Bien sûr, tous ces gens ne sont pas des DSK. Mais l'image, c'est un problème pour tout le monde, petits et grands...
Didier Specq
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