27/05/2011

l'ordre présumé patriarcal

lessive.jpgLes femmes seraient toujours confinées à la lessive et à la cuisine tandis que les hommes régneraient sur le travail, l'argent et le pouvoir. C'est du moins l'analyse souvent entendue à l'occasion de l'affaire DSK. La réalité des tribunaux est un peu différente. Récit.


L'action se situe dans une chambre correctionnelle très fréquentée ce jour-là car deux "libertaires" y étaient jugés pour avoir jeté divers projectiles sur la police. L'un a été relaxé, l'autre condamné.

Juste avant le procès médiatique, un homme était jugé pour avoir violé son épouse. Un crime, lit-on dans le code pénal, mais, pour économiser les sous de la justice, on juge ce "petit" viol rapidement devant une chambre correctionnelle. D'un coup de baguette magique, les magistrats transforment le viol (crime obligatoirement jugé aux assises) en agression sexuelle (simple tribunal correctionnel). Parce qu'on méprise les violences faites aux femmes? Peut-être pas car les jurés auraient sans doute étaient plus cléments avec le coupable.

L'histoire est simple. Rien ne va plus entre Robert, résidant à Pont-à-Marcq, et Valérie, son épouse depuis 25 ans. "Je l'aime toujours, j'aurais voulu que ça continue" explique Robert. Depuis de nombreux mois, Robert, répudié, a accepté de vivre chez sa mère laissant l'usage de la maison familiale à sa femme et ses enfants. Depuis quelques semaines, Valérie a introduit une procédure pour divorcer. C'est ce qu'on appelle un divorce par consentement mutuel.

Récemment, Robert, pour ne pas avoir à rentrer chez sa mère trop tard (elle habite loin), a demandé à sa femme si, après une soirée en discothèque, il ne pourrait pas rentrer "chez lui" et dormir en bas dans le canapé. L'épouse accepte gentiment. Et, durant la nuit, c'est le drame: Robert monte dans la chambre conjugale et viole sa femme. Pyjama déchiré, quelques coups, Robert est mordu: Valérie portera plainte le lendemain.

"J'ai insisté, je l'ai un peu forcé" admet Robert. Inutile de dire que ce machisme désuet attire les foudres du tribunal. "Je suis déçu, elle porte plainte pour ça, alors que ça fait 25 ans que je travaille pour elle comme un dingue" continue Robert qui n'a jamais condamné. Robert vit dans sa tête quelques dizaines d'années en arrière au temps où le devoir conjugal existait et où l'on ne pouvait pas répudier un conjoint aussi facilement. Il va le payer cher: 18 mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve.

Il ne comprend pas bien, il pleure, son avocate n'est pas là au moment du prononcé du jugement, il dit: "Je pourrais encore voir mes enfants?" On imagine le divorce catastrophique qui va suivre pour Robert. Une chose est sûre: dans les tribunaux, l'ordre patriarcal ne règne pas. Tout le monde a compris bien entendu que Robert n'occupe aucun poste de responsabilité dans une instance internationale et bosse tous les jours comme simple artisan.

Didier Specq

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