23/06/2011

Toujours les jurés populaires...

lessive.jpgComment redonner l'éclat du neuf à une politique qui n'a pas fait d'étincelles en matière de justice? Défendre les jurés populaires en comptant sur les mines outragées de la gauche.


Eva Joly l'avait dit avec toute la sobriété qui fait son charme: "les jurés populaires, c'est une bonne idée mais ce n'est pas possible". A gauche, tout le monde est à peu près sur cette position: on veut bien concéder que des jurés populaires, c'est au fond une idée républicaine mais on ajoute que, concrètement, c'est une très mauvaise idée. Nicolas Sarkozy arrive alors au débat qui garantit son succès politique en prenant l'opinion à témoin: "vous voyez, à gauche, ils n'aiment pas le peuple".

Car, au fond, le projet d'introduire des jurés dans les chambres correctionnelles n'a rien d'effrayant même pour les plus chauds partisans de l'exclusion des citoyens de base des lieux de pouvoir. Après tout, deux citoyens tirés au sort qui restent quinze jours aux côtés des trois juges professionnels pour juger une partie des délits, ça n'est pas très grave. Ils seront minoritaires et leur expérience si courte des choses de la justice ne leur donnera pas beaucoup de poids. On n'est pas loin du stage de découverte...

Certains magistrats expliquaient que l'accident du Concorde, l'affaire Clearstream ou les magouilles politico-financières sont si techniques qu'aucun citoyen ne peut donner un avis valable. Ils sont rassurés: pas de jurés populaires, entre autres, dans les affaires financières. La réforme en cours permettra de continuer à condamner si peu les auteurs d'énormes fraudes fiscales et si lourdement les voleurs d'auto-radios récidivistes.

Ajoutons que la réforme ne concerne, pour essai, que deux cours d'appels dans un premier temps. Bref, ces jurés populaires dans les chambres correctionnelles sont introduits dans le monde des "professionnels de la profession" avec une très grande prudence. Mais cela suffit à obtenir les cris outragés qui font une si belle publicité à Nicolas Sarkozy.

Didier Specq

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