24/06/2011

Loïc Sécher, la victime impossible...

secher loic.jpegSauf tremblement de terre, Loïc Sécher devrait être définitivement acquitté aujourd'hui. Homme, ouvrier agricole, solitaire, un peu alcoolique: il avait tout pour être condamné. La victime, c'était lui...


Le 14 avril 2010, Loïc Sécher sortait, sous contrôle judiciaire tout de même, de la prison de Nantes. Il avait passé 2650 jours en prison depuis sa condamnation à 16 ans de réclusion par les assises, condamnation confirmée en appel. Toujours, toujours, il avait nié. Depuis toujours, il était clair qu'il était condamné sur la base des seules accusations d'une jeune fille âgée de 14 ans. Pas de témoin même indirect, pas d'éléments matériels, pas de traces ADN, rien. La seule parole d'une jeune fille traumatisée contre la parole d'un obscur citoyen.

Durant l'été 2008, la jeune fille, devenue majeure depuis peu, explique qu'elle a menti, qu'elle ne supporte plus de savoir Loïc Sécher en prison. Son avocate rend publiques ces dénégations. Mais on garde le "coupable" en prison. C'est vrai ça: quand la jeune fille, qui ne va pas bien psychologiquement, accuse, c'est parce que l'ouvrier agricole l'a violée; quand la même jeune fille dit le contraire c'est parce que, comme elle va mal psychologiquement, elle veut peut-être protéger son agresseur... Les magistrats vont donc encore laisser mijoter l'ex-coupable en prison pendant un peu plus d'un an.


La presse n'a-t-elle pas fait son boulot? Si, dans les journaux de l'Ouest de la France, on avait longuement décrit les procès douteux et les accusations sans preuves. On a raconté aussi le changement de position de la victime. Mais Loïc Sécher n'a pas eu, à ses côtés, des intellectuels de renom qui protestent, des émissions à la télé, des campagnes de presse nationales. Pensez donc, un simple ouvrier.

En fait, aujourd'hui, la "victime" raconte une histoire assez banale. Des jeux sexuels avec des camarades, dans son établissement scolaire, qu'elle vit très mal, une adolescence à problèmes, des parents qui vont se séparer.

Ses parents avaient une fréquentation, Loïc Sécher, qu'ils ne voyaient plus depuis peu car l'homme sombrait dans l'alcool et la solitude suite à une période de chômage. La victime va donc l'accuser un peu au hasard. dit-elle aujourd'hui. Loïc Sécher aurait pu le faire puisque c'est un homme et qu'il a "tout sur lui pour le faire", comme disent les avocats. Il l'a donc fait.

Bien sûr, on va trouver les experts psychiatres qui, comme de banals sorciers dans les sociétés primitives, vont expliquer, après les présumés faits, à quel point si la jeune fille est traumatisée c'est à cause des agressions sexuelles (elle va raconter par exemple des viols alors qu'elle est toujours vierge) qu'elle a subies et à quel point l'accusé présente toutes les caractéristiques du violeur. Les psychiatres sont souvent très forts pour prédire le passé. Mais, quelquefois, le passé qu'on leur présente est faux.

Après son acquittement, Loïc Sécher va sans doute retrouver l'anonymat. Beaucoup d'agressions sexuelles ne sont pas poursuivies jusqu'au bout faute de preuves recueillies par une justice et une police qui n'ont pas les moyens suffisants. A l'inverse, il existe aussi des condamnations sans preuve surtout quand l'accusation rencontre une idée reçue: les hommes sont forcément des violeurs et les jeunes filles à leur santé mentale chancelante sont forcément leurs victimes. Impossible pour certains de concevoir qu'après ses accusations, la victime, en inventant par écrit les agressions de Loïc Sécher, trafique les dates dans son journal intime.

Didier Specq

Commentaires

"il n'y a nulle certitude, dès qu'il est physiquement ou moralement possible que la chose soit autrement." ( Voltaire ,Dictionnaire philosophique aux mots certain , certitude )

Bonjour , Avant que l'affaire soit jugée aux assises et que des jurés ,accompagnés du Président et de ses Assesseurs ,donnent leur verdict , toute l'instruction , toute l'enquête ... a été faite par des -professionnels ; et on peut se demander si , à notre école de la magistrature , ce petit texte de Voltaire , à défaut d'être appris "par coeur" , est examiné .


Quant aux "experts" - pour lesquels vous devriez nous rappeler comment ils sont nommés - pourquoi continuer à employer ce mot qui est chargé à lui seul d'une sorte d'aura d'infaillibilité ? Sont -ils seulement les "meilleurs" de leur profession ? Non !
Et lorsque , par hasard ils le sont , ils n'en restent pas moins "médecin psychiatre" ,"psychologue " ... pourquoi leur accorder ce surplus de pouvoir , de connaissances ,par ce titre d'expert lorsqu'ils viennent donner un avis face à l'institution judiciaire ?
Et ils n'auront même pas à rendre compte personnellement de leur erreur .

Écrit par : Bernard 27 | 08/07/2011

Les commentaires sont fermés.