07/07/2011

Ils peuvent le dire!

sar rabindranath duval.jpegPour les juristes, il existe l'obligation de résultats (les transporteurs par exemple) et l'obligation de moyens (pour les médecins par exemple). Et les sondeurs?


On comprend bien que les transporteurs, par exemple, doivent obligatoirement transporter les marchandises et les voyageurs à bon port. Sauf cas de force majeure, bien sûr. En revanche, les médecins n'ont qu'une obligation de moyens -ils doivent tout faire pour que leurs patients guérissent- mais ne peuvent garantir les résultats: la mort reste malgré tout, au final, la principale cause des décès.

Et les sondeurs? Une rapide étude montre qu'en général, ils sont incapables de discerner qui va gagner à une simple élection présidentielle où, tout de même, les gagnants potentiels ne sont pas si nombreux.

En 1965, les sondeurs n'annoncent guère la mise en ballottage du Général De Gaulle. Un 45% au premier tour qui crée la surprise. Mais c'était la préhistoire.

En 1969, De Gaulle démissionne après un référendum perdu et les sondeurs annoncent la victoire d'Alain Poher, le président centriste du Sénat qui assure l'intérim. C'est Georges Pompidou, au premier tour et au second tour, qui écrase tout le monde.

En 1974, Georges Pompidou meurt et on donne le gaulliste Chaban Delmas et le giscardien Valéry Giscard d'Estaing à égalité au premier tour. Giscard va exploser Chaban.


En 1981, Giscard est donné gagnant d'autant plus que la gauche n'a pas choisi le candidat favori des médias: Rocard. Mitterrand gagne.

En 1988, pour la première fois depuis longtemps, les sondeurs et les médias ont raison: c'est le Mitterrand annoncé vainqueur qui gagne effectivement. Mais, à l'intérieur de la droite, l'avance prise par Chirac sur Barre a été totalement sous-estimée.

Passons sur Balladur donné largement vainqueur sur Chirac quelques mois avant les élections en 1995. Continuons avec Jospin donné vainqueur en 2002 alors qu'il est éliminé dès le premier tout par Le Pen. On se souvient de Ségolène Royal qui, en 2006, est assurée, selon les sondeurs, de la victoire. On sait ce qu'il en adviendra en 2007.

Bien sûr, on peut répondre que six ou dix mois avant l'élection les sondeurs ne donnent qu'une photographie de l'opinion à un moment donné. Cette réponse des sondeurs est d'autant plus efficace qu'on ne peut vérifier si elle est exacte.
Toutefois force est de constater que les sondages, qui donnent une indication exacte pour l'élection qui va suivre, constituent l'exception. De là à comparer les sondeurs à Francis Blanche et à Pierre Dac, c'est sans doute un peu exagéré.

Didier Specq

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