Péripéties judiciaires

De nombreuses lois sont venues militer en faveur de l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes. "Dès mon arrivée au pouvoir, je ferai voter une loi imposant l'égalité de salaires entre les hommes et les femmes" a dit Martine Aubry hier soir chez Laurent Ruquié. Si l'on a bien compris, Martine Aubry a ajouté que des sanctions seront prises contre les entreprises qui, dans les trois ans, ne se seraient pas mises dans les clous de la loi nouvelle. La maire de Lille a ajouté qu'effectivement les lois antérieures n'avaient pas été très efficaces.

Mais, justement, on peut s'interroger: comment mesurer l'injustice faite aux femmes? Un bon quart du salariat, par exemple, appartient à l'une des fonctions publiques: nationales, territoriales ou hospitalières. A priori, on voit mal au cas par cas, puisque les fonctions sont déterminées strictement, comment les discriminations existeraient encore aujourd'hui. On parle évidemment de discriminations qui pourraient être prouvées à qualification, travail et ancienneté comparables.

Dans le privé, on comprend mieux. Mais comment les prouver? Souvent les calculs (les femmes reçoivent un salaire qui serait de 19% inférieur à celui des hommes) sont en réalité des chiffres globaux: on prend une corporation, on sépare les hommes et les femmes, et en moyenne les femmes ont un salaire, globalement, inférieur. Mais, au cas par cas, une femme qui a rigoureusement le même travail, la même fonction, les mêmes diplômes, les mêmes formations complémentaires et la même ancienneté est-elle vraiment moins payée?

Une caissière de supermarché est-elle réellement moins payée qu'un caissier de supermarché? Moins payée bien sûr pour des raisons qui seraient internes à l'entreprise. Evidemment, si cette caissière est moins disponible qu'un caissier, ce peut être pour des raisons familiales par exemple. Mais ce sont des raisons et des choix extérieurs à l'entreprise. Dans mon journal par exemple, je n'ai pas l'impression que les journalistes femmes sont moins payées que les hommes.

D'autant que, globalement, les hommes, souvent, ont choisi des métiers plus difficiles, plus dangereux, plus physiques. Car d'autres statistiques très cruelles sont moins citées: les femmes sont victimes de 25% des accidents de travail en France et les hommes meurent 25 fois plus d'accidents du travail; 2/3 des maladies professionnelles sont contractées par des hommes; le nombre des décès à une maladie professionnelle est plus de 80 fois inférieur chez les femmes que les hommes... Mais chut...

Didier Specq