20/09/2011

dsk n'a pas bonne presse dans l'express

droite.jpegMais pourquoi cette attaque virulente contre l'Express?


C'est la magie d'internet: on peut se repasser la prestation de DSK chez Claire Chazal. Je dis "chez" Claire Chazal car la journaliste-vedette de TF1 se présente comme une amie de la famille Strauss-Kahn.

Il n'empêche que, juste avant de recommencer à donner des leçons d'économie aux dirigeants européens, DSK n'a quitté son masque figé qu'à deux moments. Un petit sourire quand la présentatrice du JT de TF1 évoque la thèse de certains psychologues médiatiques qui pensent que DSK a fauté parce qu'il n'avait en réalité pas envie de se présenter à la présidentielle française. Et une colère non-feinte quand il traite l'Express de "tabloïd".

Tabloïd, c'est une allusion en forme d'injure puisque DSK veut souligner une présumée parenté entre la presse de caniveau anglo-saxonne et l'Express. Cette attaque virulente contre un hebdomadaire honorable (qui n'est par ailleurs pas notre tasse de thé) est tout de même assez étonnante à une heure de grande écoute sur la première chaîne télévisée française.

Or, cette attaque est très révélatrice du regard de l'ex-responsable du FMI sur la liberté de la presse. Surtout quand, par contraste, on répond tranquillement à une amie comme Claire Chazal qui n'insiste jamais sur ce qui s'est passé réellement le 14 mai dernier dans la suite du Sofitel.

L'Express avait certes consacré sa "une", en octobre 2008, à l'affaire Piroska Nagy, cette responsable du FMI qui, elle-aussi, avait eu une relation avec DSK qui avait posé problème. Pénalement, il ne s'est rien passé. Mais une enquête du FMI avait bien été enclenchée, des excuses de DSK avaient déjà été présentées, Piroska Nagy avait déclaré qu'elle s'était sentie coincée, les responsables du FMI avaient bien déjà expliqué que DSK avait eu un comportement anormal. Après tout, l'Express avait bien le droit de se poser des questions sur l'image donnée par DSK au monde politique international par l'intermédiaire d'un organisme aussi important que le FMI.

L'Express a également publié le rapport médical, rédigé par un spécialiste des agressions sexuelles, qui fait état de constatations rapides et des déclarations de la femme de chambre à son arrivée à l'hôpital. Et alors? C'est tout de même un élément essentiel qui, aux USA comme en France, figure au départ de toute procédure sur une éventuelle agression. Le procureur de New-York a estimé finalement, en l'absence de toute crédibilité de la femme de chambre, qu'il ne peut aller jusqu'au procès et que le doute, comme c'est normal également en France, devait profiter à l'accusé. Mais il n'empêche que l'Express a fait son boulot en publiant ce document.

Dans une réponse à DSK, Christophe Barbier, un des responsables de l'Express, dément "l'acharnement" supposé de son hebdomadaire et écrit la phrase suivante: "Demeure la relation sexuelle précipitée, dont vous dîtes qu'elle n'a pas été tarifée, mais dont la brièveté laisse peu de place à la tendresse et aucune à la dignité". En peu de mots, tout est dit. Et l'Express a le droit de penser que ce comportement laisse à désirer quand on brigue les plus hautes fonctions.

Ajoutons, en tant que chroniqueur judiciaire, qu'en France, lors d'une affaire équivalente, le juge d'instruction ou les juges le jour du procès se contenteraient difficilement du simple silence du prévenu sur le déroulement des sept minutes litigieuses au Sofitel.

Didier Specq

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Tout est dît.

Écrit par : jpb | 21/09/2011

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