22/09/2011

chers petits patrons

jacques.jpegLes conseils indirects des procureurs de Jacques Chirac aux petits patrons.


Au hasard d'une chambre correctionnelle de Lille consacrée aux délits financiers, on aperçoit quelquefois des responsables d'entreprises, plus souvent petits que grands, bredouiller lamentablement.

Ils sont à la peine car le président Jean-Marc Défossez les interroge sur la confusion qu'ils entretiennent parfois entre leur entreprise et leurs affaires privées. Des notes de frais exponentielles qui financent des voyages sous des cieux plus cléments, l'embauche bizarre d'une proche qui n'a pas l'air de travailler beaucoup, la voiture payée par l'entreprise qui est confiée en fait à la grande fille qui en a bien besoin pour aller en fac et boire des pots dans le Vieux-Lille, la maîtresse planquée dans un poste bidon aux vacances à rallonges, etc.

Les petits patrons, pour rester zen, devraient se procurer le réquisitoire des deux procureurs dans le procès de Jacques Chirac et de ses amis. On sait que le parquet a demandé la relaxe générale. On pourrait s'imaginer que le réquisitoire s'appuie sur des arguties incompréhensibles. Pas du tout. C'est du cas par cas, du cousu main.

D'abord, ne vous laissez pas impressionner, chers petits patrons, quand, lorsque vous arguez de la faible somme finalement dissipée, on vous rétorque que c'est le principe qui est condamnable. Les procureurs de Paris, quand on leur présente vingt emplois présumés fictifs, répondent que c'est une "goutte d'eau" dans la masse des emplois de la ville de Paris.

On ne trouve pas trace du travail de certains employés fictifs? "On ne peut pas tout archiver" explique le procureur. Le salarié fantôme n'a jamais mis les pieds sur son lieu de travail? "On dirait maintenant que c'est du télé-travail" souligne l'autre procureur. On ne retrouve pas les notes (c'était son boulot) d'une salariée? "C'était une professeur de lettres, c'est tout de même une référence". Les notes d'une autre employée n'ont pas laissé de traces? "On possède la liste des livres qu'elle a lus". Ces salariés qui émargeaient au budget de la ville de Paris ont tous bien entendu des liens avec la Corrèze et Jacques Chirac.

Les exemples cités ci-dessus ont été donnés dans l'excellente chronique judiciaire du journal "Le Monde" consacrée au réquisitoire des deux procureurs Chantal de Leiris et Michel Maes. Les petits patrons poursuivis pour abus de biens sociaux peuvent s'en inspirer.

Didier Specq

Les commentaires sont fermés.