26/09/2011

Royal ne serait pas assez féministe

royal.jpegRigolo cet échange entre Ségolène Royal et Audrey Pulvar.


Parlant de la corruption politique, Ségolène Royal a déclaré dans un meeting: "ce serait bien d'avoir une femme à la tête de l'Etat pour faire un grand coup de ménage, un coup de balai, et hop..." Audrey Pulvar, la chroniqueuse de l'émission "on n'est pas couché", lui reproche: "si un homme avait utilisé cet humour-là". Et Ségolène Royal de rétorquer que ce n'était qu'un peu d'humour dans un meeting et que le féminisme d'Audrey Pulvar serait un "un peu étriqué".

Ce n'est peut-être qu'un détail pour vous mais pour moi, ça veut dire beaucoup: dans le discours pourtant convenu en général des politiques, certains (certaine dans le cas qui nous occupe) commencent à renâcler contre le prêt-à-penser. C'est vrai qu'il existe, globalement, de gros écarts de salaires entre les femmes et les hommes. Différences d'ailleurs causées essentiellement par les horaires et les choix professionnels. Ainsi, dans le nettoyage, ce sont des "femmes de ménage" qui officient en raison de vieux stéréotypes sociaux.

Il n'empêche que ces "traditions" ont parfois des conséquences néfastes sur les hommes qui, rappelons-le, meurt curieusement en moyenne bien plus vite que les femmes. Peut-être en partie par qu'ils choisissent (ou qu'on choisit pour eux) les métiers les plus durs.

Ainsi, si la parité au travail existait strictement dans tous les secteurs, quelques chiffres seraient largement modifiés: les hommes sont victimes de 75% des accidents du travail ayant entraîné une incapacité permanente, il meurt 25 fois moins de femmes que d'hommes sur les lieux de travail, le nombre de décès attribué à une maladie professionnelle est plus de 80 fois inférieur chez les femmes que chez les hommes, ces derniers assurent 75% du travail de nuit, etc. En tant que chroniqueur judiciaire, je m'étonne toujours, par exemple, de voir les accidents du travail juger aussi tardivement.

C'est loin de l'échange Pulvar-Royal? Pas si sûr car l'égalité des droits, en justice comme ailleurs, ne peut s'arrêter sur des mots ou une plaisanterie, contestable ou pas, sur le "ménage". Et, quelquefois, l'égalité est bien plus compliquée qu'on ne le croit.

Didier Specq

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