14/11/2011
la visite à Lille de DSK
DSK est malade et va se faire soigner. Une stratégie de communication qui risque de se briser sur le code pénal.
Durant tout le week-end, de nombreux médias s'interrogent sur la maladie éventuelle de Dominique Strauss-Khan. Selon les mieux informés (ou les prétendus mieux informés), DSK serait même prêt à se soigner. Lorsque, voici quelques semaines, Michel Rocard disait la même chose, c'était un scandale. Aujourd'hui, ce serait la vérité.
Evidemment, ces réajustements de communication interviennent à un moment où il est probable que Stéphanie Ausbart, la juge d'instruction lilloise, s'apprête à s'entretenir avec l'ex-candidat idéal des socialistes. Me Leclerc, le défenseur de DSK par ailleurs ex-responsable de la Ligue des Droits de l'Homme, n'a pas hésité à parler une fois de plus du "lynchage médiatique" qui serait ourdi à l'encontre de son client.
Toutes ces considérations dans le camp DSK sont peut-être exactes. D'ailleurs, tous les jours, même dans la plus banale des comparutions immédiates, ce discours est employé: je suis malade, je vais me soigner, on s'acharne sur moi.
C'est que DSK risque gros. Se heurter par exemple, dans le bureau du juge, à la réalité du code pénal concernant le proxénétisme: (article 225-5) "le proxénétisme est le fait, par quiconque, de quelque manière que ce soit: 1) d'aider, d'assister ou de protéger la prostitution d'autrui 2) de tirer profit de la prostitution d'autrui, d'en partager les produits, ou de recevoir les subsides d'une personne se livrant habituellement à la prostitution 3) d'embaucher, d'entraîner ou de détourner une personne en vue de la prostitution ou d'exercer sur elle une pression pour qu'elle se prostitue ou continue à la faire".
Souvent, on pense que le délit de proxénétisme n'est constitué que par le point 2. On constate aisément que les points 1 et 3 peuvent s'appliquer à de nombreuses situations. Ajoutons que la jurisprudence française a plutôt tendance à être très dure. Contrairement aux accommodements largement pratiqués par nos amis belges.
Le risque, pour DSK, est donc grand. Du moins si l'on en croit les extraits de procédure parus dans la presse. Inutile de dire que tout ça est bien plus infamant que le banal recel d'abus de biens sociaux qui pourrait être invoqué également. Et comme on sait désormais que Stéphanie Ausbart n'a pas froid aux yeux.
Ceci dit, la visite à Lille de DSK risque d'avoir des aspects positifs car, concrètement, beaucoup pourront se rendre compte de la dureté du code pénal concernant le proxénétisme et la prostitution. Une rigueur que certains veulent encore renforcer.
Lors d'un débat télévisé récent, Henri Guaino, le conseiller de Nicolas Sarkozy, et Eva Joly, candidate des écolos et ex-juge d'instruction, s'accordaient pour dire qu'un nouveau durcissement de la loi risquait surtout de pousser encore plus à la clandestinité et à la marginalité les prostituées. Des considérations raisonnables (et rares) qui méritent d'être soulignées.
Didier Specq
08:34 Publié dans Affaire Carlton | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Il nous en a fait des belles le ptit dominique ces derniers mois ...
Écrit par : Poussette canne | 16/11/2011
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