16/11/2011

carlton: les victimes s'invitent (bis)

carltonz.jpegPassage éclair, en procédure d'urgence, d'une des présumées victimes du réseau de proxénétisme. Récit.


Ce sont les héroïnes cachées de l'affaire de proxénétisme qui a démarré au Carlton de Lille. Elles? Les prostituées qui, à tel ou tel moment, ont été employées dans ce qu'il est convenu d'appeler les "parties fines" de l'affaire de proxénétisme aggravé instruite par les juges lillois Stéphanie Ausbart, Mathieu Vignau et Ida Chafaï.

Héroïnes? Oui parce qu'il n'est pas si simple de se déclarer prostituée et d'expliquer, aux juges, aux policiers, lors des confrontations, pourquoi on a choisi cette voie, comment, jusqu'où, etc. Héroïnes? Oui parce que les pressions risquent d'être nombreuses d'ici le procès. Héroïnes? Oui parce que dans ce type d'affaires, il est difficile d'expliquer, aux journalistes mais aussi aux avocats qui devraient connaître quelquefois plus le droit français, qu'une prostituée, même consentante, est aussi une victime dès lors qu'un proxénète exploite directement ou indirectement ses prestations. Dès lors même qu'il aide la prostitution.

Héroïnes? Oui parce que celles qui ont témoigné et les deux qui se sont constituées parties civiles sont soumises aux pressions de certains médias. On a vu par exemple l'envoyée d'une chaîne de télé subventionnée sonner à la porte de l'appartement de M., une des prostituées parties civiles. Une adresse théoriquement inconnue puisque toute récente suite à un déménagement. M. a des enfants qui vivent avec elle. Tout ça ne gêne pas la journaliste qui sonne sans arrêt et annonce que, si M. ne sort pas pour lui parler, elle restera camper devant l'appartement! C'est la soeur de M. qui est là dans l'appartement et explique que M. est absente. Qu'importe! La journaliste annonce qu'elle reste. C'est l'avocat de M., Me Laporte, qui va devoir téléphoner aux policiers lillois pour que ceux-ci obligent la visiteuse indésirable à dégager.

C'est une affaire un peu similaire qui passait donc, sur une requête de Me Gérald Laporte, devant Alain Girot, juge des référés. C'était même, mardi à Lille, un référé d'heure à heure. Une procédure d'extrème-urgence donc pour imposer au site d'un grand journal parisien le retrait d'une série de renseignements personnels sur M. Un accord est finalement intervenu entre Me Laporte et les représentants du quotidien parisien: les renseignements personnels sur l'héroïne de cette histoire ont été retirés hier après-midi du site concerné.

Didier Specq

Commentaires

enfin un article qui donne une dimension humaine a cette affaire ..
et des journalistes sans scrupules qui débarquent a toutes heures comme les hyènes sur un animal blessé..

du courage oui et plus que ça.. pour affronter les regards ..la famille..les voisins ...ou simplement se regarder dans la glace..

je salut un grand courage et si parfois pour subvenir a sa famille il faut parfois se compromettre et se vendre .. c est du sacrifice..

avant de juger ..balayons devant notre porte..

Écrit par : yankeemike | 16/11/2011

J'ai l'impression qu'il manque un "Héroïnes ? Non" à la suite des "oui" que je veux bien admettre, par ailleurs. Je suis un peu court en temps pour développer, à l'instant, mais ça me pique à l'oeil.

Écrit par : francoisparrain | 17/11/2011

De l humanité, dans ce courageux coup d e gueule, un parti pris a l encontre de tout le politiquement correct...
Bel article monsieur le journaliste.
Merci de cette pensée pour ces femmes dont personne ne parle, que chacun oublie ....
Comme toujours ?

Écrit par : pbdelm | 18/11/2011

Chapeau, Monsieur, pour cet article !

En effet, humainement parlant peu de journalistes "ou pseudo-journalistes" ne prennent "ces femmes" qui ont été ainsi médiatisées dans cette affaire, alors qu'elles devaient assumer "une double vie" pour des raisons diverses qui n'appartiennent qu'à elles seules...

Bon nombre de personnes ont recours à la prostitution, non, pas de l'argent "facile", de l'argent rapide, oui.

Dans cette affaire qui fait un tapage ultra médiatique parce que 3 initiales se retrouvent dans des pv "volés" tout et n'importe quoi s'écrit... si certains protagonistes semblent aimer être sous les projecteurs, ces femmes, certainement pas !

Ces femmes, justement, beaucoup de "clients" apprécient leur discrétion et payent pour... (aussi) plus simple que de gérer une maîtresse... et puis, personne ne force les hommes à se rendent auprès d'elles ou à demander leur compagnie...

Dans un film, il y a une réplique dont je me souviens : l'un dit à l'autre "tu sais pourquoi tu payes une p... ?" l'autre répond :"pour tirer un coup !" et l'autre lui réponds : "non, tu achètes son silence..."

Pourquoi ainsi "traquer" ces femmes qui ont rempli un contrat " " pourquoi ainsi leur pourrir la vie alors qu'elles ne demandent que l'anonymat... malheureusement pour toutes celles qui auraient certainement beaucoup de choses à dire...resteront dans un silence lourd à porter, à scruter internet ou les articles débiles de "pseudo-journalistes" en manquent d'info qui balancent n'importe quoi pour faire vendre...

Ces femmes restant derrière leur pc, voyant "la destruction inhumaine" faite à celles qui osent dire... qui répondent aux questions précises posées par la police, garant de la justice... et ensuite voir des extraits de pv d'audition ainsi balancés dans la presse ! extraits choisis biensûr, par qui ? pourquoi ? tous n'ont pas été publiés... tous ne dorment pas en prison...

En effet, Monsieur, je pense aussi qu'il leur faut un sacré courage, tout comme vous, certain avocat, certains policiers qui doivent travailler dans des conditions difficiles à cause de certains journalistes qui pensent que "l'enquête" se fait au travers d'articles, via internet, twitter... donnant des infos souvent incomplètes et sorties de leur contexte, pour plaire aux lecteurs qui sont, il faut le reconnaître, pour certains "demandeurs" de détails croustillants...

Mais à quel prix ? pour ces femmes ? qui oui, ont été rémunérées pour des prestations, mais à quel prix vu le déchaînement médiatique ?? ainsi que pour toutes les familles des personnes nommées dans ce dossier ! des épouses, époux, frères, sœurs, parents, enfants...

Qui a pris la peine de penser à toutes ces personnes qui subissent cette affaire ? tout cela parce que Monsieur "machin, très connu" a croisé la vie de tant de méconnus !

L'addition est salée pour toutes ces personnes à qui je pense souvent, celles qui sont harcelées, vivent dans la crainte, la peur d'être dévoilée, reconnue, identifiée pour ensuite être jugées, calomniées, brisées elles le seront toutes !

Étant petite fille, je ne connais personne qui dit: "quand je serai grande, je serai prostituée..." des évènement "des accidents de la vie" par précarité financière poussent certaines femmes à passer le "cap" personne n'a le droit de les juger, de les salir, juste respecter leur "pseudo-choix" à un moment donné de leur existence, simplement ne pas les "déshumanisées" c'est un travail rémunérateur, mais, démaquillées, habillées comme tant d'autres femmes, dans la masse, elles restent des femmes ! des mères, des épouses, des sœurs, des filles... des terriennes !!

Qui par vocation n'auraient jamais choisis cette voie, ni d'être ainsi médiatisées, alors, oui, un peu de respect pour les termes utilisées à leurs égards, "prostituées, putes, chaires fraîches exportées pour Monsieur en mal du pays etc..."

Laissez-les tenter de se reconstruire, tenter d'oublier, laissez leur ce droit "à une seconde vie", tenter de vivre "l'après l'affaire Carlton..." Quelque soit leur nom, leur vie privée, rendue publique pour servir certains.... pensons à demain, je pense sincèrement que si les gens (certain, mais beaucoup...) étaient moins demandeurs on passerait à autre chose de bien plus préoccupant pour notre quotidien que de passer son temps à traquer ces femmes qui ont déjà bien assez souffert de cette médiatisation, et des fuites écœurantes d'où qu'elles soient parties, certains savaient qu'il y a des choses à ne pas dire lors d'une longue enquête en cours....

Commentaire un peu long, certes, fautes d'orthographe offerte (humour) mais, Monsieur, si tant de vos confrères pouvaient avoir le même franc parlé, nous femmes concernées de près ou de loin à ce métier, nous sentirons plus respectées et moins dénigrées par les commentaires de personnes qui ne connaissent ni cette profession, ni ce milieu alors, que qui sait sous leur toit ou dans leur entourage propre " " un homme a déjà fait appel au service de femmes comme celles très souvent critiquées !

J'ajouterai, que l'habit ne fait pas le moine, on peut être caissières, travailler comme vendeuses, dans les assurances, traductrices, étudiantes, enseignantes, et tant d'autres métiers et aussi exercer une "activité de prostitution, d'escorte...." occasionnelle ou régulière mais cela restera sous silence, si l'on ne se retrouve pas avec Monsieur aux 3 initiales...

C'est ainsi... Courage aux femmes (ex - escortes) qui ont été obligées d'oser et aux autres qui doivent être rongées de savoir... mais n'osent pas dire....

Merci, encore Monsieur, pour cet article qui (enfin) humanise ces femmes dont la vie est plus que chamboulée....et le sera encore un certain temps...

Écrit par : papillon de nuit | 30/11/2011

pour : yankeemike

Tout à fait d'accord avec votre commentaire...

Enfin, un point de vue différent de tous les autres journalistes qui feraient bien de lire cet article ainsi que les commentaires !!

Écrit par : papillon de nuit | 30/11/2011

Je vous remercie de vos commentaires très, très
sympathiques. Didier Specq

Écrit par : didier specq | 30/11/2011

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