15/12/2011
Avocats: on ne s'aime pas toujours
Résumons. Voici une semaine ou deux, l'Union des Jeunes Avocats (de Lille) organisait son gala. Une soirée très courue où, le temps d'un vendredi soir, un millier d'avocats, de magistrats, de conjoints divers et variés communie en se moquant de leurs travers. Le tout en dévorant des petits fours et en buvant beaucoup de boissons à bulles. Le spectacle est simple comme bonjour: une série de scénettes et de chansons qui brocardent parfois méchamment les avocats et les professions proches, magistrats, greffiers, huissiers.
Sauf que. Sauf qu'un avocat anonyme a envoyé un mail à de nombreux avocats. Une missive électronique signée d'un pseudonyme qui s'en prend aux responsables du spectacle. Suit une série de considérations vachardes sur les uns et les autres. Des avocats moqués dans le spectacle sont défendus avec force tandis que les avocats responsables du spectacle sont assaisonnés avec beaucoup de vinaigre. On note aussi quelques attaques qui prennent pour cible la vie privée. Même l'intimité de la vie privée de l'auteur de ces lignes n'est pas épargné car on l'accuse d'avoir écrit un article complaisant sur ce gala.
Tempête dans un verre d'eau ou incident significatif? En tous cas, on ne se souvient pas que le gala de l'UJA, traditionnellement acide, ait soulevé une telle protestation. Mine de rien, à lire ce libelle anonyme, l'auteur clandestin souligne quelques malaises.
Un exemple. Malaise car la profession d'avocat est de moins en moins libérale. En effet, de plus en plus, nombreux sont les avocats qui dépendent de l'aide légale (et donc des subventions d'Etat) puisque l'immense majorité des prévenus en comparution immédiate, par exemple, sont désargentés. Ces derniers bénéficient donc d'avocats "gratuits".
Même chose pour les victimes, même scénario pour les divorces, conflits familiaux, gardes d'enfants, etc. La missive anonyme cible donc les avocats qui squatteraient les couloirs pour obtenir le maximum d'aides légales. Peut-être. Mais comment, sans ces spécialistes de l'aide légale, les avocats pourraient-ils assurer l'assistance concrète des gardés à vue de plus en plus contraignante depuis que la présence presque continuelle d'un défenseur est possible?
A noter pour finir que l'anonyme auteur du mail opère un peu de la même façon que les acteurs du gala de l'UJA: s'attaquer chez ses confrères à quelques têtes de Turc. Mercredi soir, en tous cas, le mystérieux imprécateur n'avait pas encore été découvert.
Didier Specq
00:10 Publié dans Garde à vue, Justice | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Je vais me permettre de compléter ce billet, c'est que tu as été méchamment brocardé par ce corbeau et dans des termes qui ne sont même plus à la limite de l'injure.
Maintenant, venir dire que les auteurs, acteurs et chanteurs de la Revue sont anonymes est totalement faux. D'une part le programme précise l'ensemble de la troupe et d'autre part, la troupe est présentée en fin de revue.
Il n'y a pas d'anonymat et pour tout le temps où j'ai fait partie de la troupe, nous avons toujours assumé les sketchs et chansons présentées. Oui, certains peuvent être brutaux, certains que l'on croyait drôle le sont moins qu'on le pensait en réalité, oui, mais (et c'est l'équilibre de la revue), ce sont beaucoup de petites piques qui sont affectueuses parce qu'elles sont assumées.
J'en veux pour preuve Honoré qui est traditionnellement visé et qui non seulement l'a bien pris, mais en plus a participé au spectacle depuis la salle.
Donc, je ne peux pas te laisser dire que ce corbeau agit, même un peu" comme la troupe.
La troupe ne se cache pas, elle assume jusqu'au bout ce qu'elle fait.
Elle ne se présente pas sous un faux nom, lâchement en renvoyant vers un autre confrère qui est totalement innocent.
J'ai le plus grand respect pour la liberté d'expression, la Revue en est l'expression, mais, dans un pays démocratique, elle doit s'exprimer à visage découvert. Sinon, elle n'est qu'un dévoiement, une lâcheté sans nom.
Écrit par : Nicolas Drancourt | 15/12/2011
Effectivement, l'anonymat change tout. DS.
Écrit par : didier specq | 15/12/2011
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