19/12/2011

Prostitution et diffamation

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Effet boomerang: une "abolitionniste de la prostitution" condamnée en diffamation.

L'abolition de la prostitution est à la mode. Ce serait toujours un esclavage, les prostitué(e)s doivent être condamnées y compris pour le racolage passif, les client(e)s doivent être sanctionné(e)s également, etc, etc.

Pourtant, nous sommes dans une société où les repères moraux classiques concernant la sexualité ont souvent sauté. Mais, paradoxalement, on n'écoute guère les représentant(e)s de travailleurs(ses) du sexe qui estiment souvent qu'une loi prétendant abolir la prostitution ne ferait que pousser encore plus dans la clandestinité les personnes concernées. Et renforcerait sans doute également les réseaux internationaux de proxénétisme. La discussion, en tous cas, est intéressante mais, comme souvent dans les domaines où la passion s'en mêle, on ne s'écoute pas beaucoup.

Henriette Zoughebi, vice-présidente communiste de la région Ile-de-France, est tombée dans ce piège. La responsable politique s'en était pris avec virulence aux assises de la prostitution et aux associations représentant des prostitué(e)s. En un mot comme en cent, c'étaient des proxénètes ou des alliés des proxénètes.

Le "STRASS" (syndicat du travail sexuel) s'en était ému et avait porté plainte en diffamation. En février dernier, la femme politique avait été condamnée. Pas à grand-chose: 500 euros d'amende avec sursis. Mais un appel avait été interjeté. Et, le 14 décembre dernier, la Cour d'Appel de Paris a confirmé le jugement de premier instance et a ajouté 500 euros de frais de justice supplémentaire.

Evidemment, cette affaire n'a pas occupée une grande place dans l'actualité médiatique. En tous cas, cette décision des juges montre bien que, même si le STRASS est contesté, on ne peut pas non plus le diffamer. Ce qui est plutôt positif.

Didier Specq

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