04/01/2012

"2012, année de la partouze"

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C'était la réflexion, en forme de jeux de mots décalé, d'une avocate lilloise hier. Effectivement...

Inutile de dire que cette réflexion apparemment loufoque peut renvoyer à l'affaire dite du Carlton où, d'ailleurs, Dominique Strauss-Kahn n'a probablement jamais mis les pieds. Mais, comme le dossier tourne au départ autour de la personnalité de René Kojfer (le responsable des relations publiques du Carlton toujours incarcéré malgré ses 70 ans), le dossier est toujours désigné comme étant l'affaire Carlton.

Mais pourquoi cette réflexion de l'avocate lilloise tape juste au seuil de la nouvelle année? En un mot comme en cent, c'est sans doute parce qu'elle est au centre de l'éventuelle mise en cause de Dominique Strauss-Kahn. La législation, très dure en France, sur le proxénétisme réprime toute forme d'aide à la prostitution comme étant du proxénétisme. En réalité, dans l'univers de la prostitution, seul le simple client ne peut être poursuivi. On sait d'ailleurs que certains députés moralistes veulent même interdire ("abolir" disent souvent ceux-ci) toute relation tarifée à motif sexuel entre adultes majeurs et vaccinés.

Hors la loi, en France, la personne qui loue sciemment un appartement à une prostituée, le site internet qui protège des escort girls accomplissant des actes de lubricité (c'est le terme du code pénal), le patron de bar qui sait que des prostituées viennent appâter le client dans son commerce, le chauffeur de taxi qui dépose une prostituée sur un site même si le prix de la course est tout à fait normal, l'ami d'une prostituée qui a partagé avec elle un paquet de cigarettes, une dose d'héroïne ou une chambre d'hôtel qui auraient été payés par elle, celui qui donne une adresse où des actes de prostitution vont survenir, celui qui organise un voyage de prostituées, celui qui sert d'intermédiaire entre une prostituée et un client, etc.

On voit donc que la réflexion de l'avocate est tout à fait pertinente: l'homme qui a trempé dans l'organisation d'une partouze (il n'a donc pas été le seul bénéficiaire des prestations tarifées) risque la mise en examen pour proxénétisme. D'ailleurs, dans le code pénal, il n'y a même pas de complicité de proxénétisme. Pas la peine, toute personne qui aide ou facilite la prostitution est, aux yeux de la loi, un proxénète. Même, bien entendu, si cette personne n'a tiré aucun bénéfice de cette "facilitation".

C'est donc bien ce point qui au coeur de ce dossier sulfureux lillois: les actes sexuels éventuellement commis en groupe par des personnalités peuvent devenir des actes de proxénétisme. Reste tout de même l'élément intentionnel: l'éventuel mis en examen savait-il que certaines des personnes impliquées (comme victimes, comme témoins ou comme intervenants) se prostituaient?

Eric Dupond-Moretti, le célèbre avocat lillois, a raison de souligner de ce point de vue que cette affaire constitue aussi une incroyable mise à sac de la vie privée de certaines personnalités. Car, évidemment, si les protagonistes étaient de parfaits inconnus, il serait étonnant qu'on aille si loin dans le décryptage du moindre SMS.

Bien sûr, il est tout à fait normal de condamner le proxénétisme. Toutefois, il est tout de même étonnant de constater que, quarante ans après la libération sexuelle des années 70, on en revienne parfois à de très curieux discours. On a parfois l'impression d'entendre, comme au début de l'album d'Hergé intitulé "l'étoile mystérieuse", le prophète de malheur Philippulus qui lance ses imprécations: "C'est le châtiment, faites pénitence!"


D'ailleurs, on ne s'étonne plus désormais de voir la vie privée, étalée sur Facebook, envahir les tribunaux comme, mercredi, Nord-Eclair le raconte ici et ! Au fait, bonne année 2012.

Didier Specq

Commentaires

Ceux qui utilisent les media pour se preparer une carrière politique ne doivent pas s'etonner qu'après y avoir trempé le doigt, ils soient happés par l'avidité sans nom qui y règne.

Les media ont fait leur boulot, n'en deplaise à certains. Que se serait il passé si ce malade, devenu president, avait agressé une interprète dans une conference internationale ? Il est mis definitivement hors du circuit politique. Seuls les Chinois l'invitent desormais mais ils se sont faits une specialité de ces manoeuvres où ils invitent les anciens Premiers Ministres ou president ( Mauroy, Nixon) . En leur deroulant le tapis rouge, ils se gagnent des appuis.

Cette affaire demontre que les gouvernants sont bien souvent des malades et que certains utilisent leur maladie pour echapper à la justice.

Écrit par : Odeladeule | 10/01/2012

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